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religion

  • An Affective (U-)Turn in the Sociology of Religion? (Publication)

    cover-Bringing Back.jpgJ'ai participé au livre collectif paru récemment sous la direction de Véronique Altglas et Matthew Wood, Bringing Back the Social into the Sociology of Religion (Leiden, Brill). Voici une présentation générale de ce livre et un résumé de ma contribution, qui représente une synthèse de mes réflexions sur la compréhension sociologique des émotions en contexte religieux. La table des matières est consultable en cliquant ici.

    Présentation. The contributors to Bringing Back the Social into the Sociology of Religion explore how ‘bringing the social back into the sociology of religion’ makes possible a more adequate sociological understanding of such topics as power, emotions, the self, or ethnic relations in religious life. In particular, they do so by engaging with social theories and addressing issues of epistemology and scientific reflexivity. The chapters of this book cover a range of different religious traditions and regions of the world such as Sufism in Pakistan; the Kabbalah Centre in Europe, Brazil and Israel; African Christian missions in Europe; and Evangelical Christianity in France and Oceania. They are based upon original empirical research, making use of a range of methods – quantitative, ethnographic and documentary.

    Résumé. The concept of emotion appears to work in the sociology of religion as a pre-notion linked with processes of (dis)qualification and distinction. These processes determine the scientific (and social) classification of “emotional” religious actors. They also shed light on the role that sociologists themselves play as “ranking agents ranked by their own ranking” (Bourdieu, 1979: back cover). Through the distinctions they make, they reveal the position they occupy with- in the scientific field and the relations they have with the religious field.

    I open the chapter by asking why the French sociology of religion has mostly ignored the affective turn and the theoretical challenges it raises, seeming to prefer the established – we could say canonical – interpretations of classical authors over empirical research. These canonical interpretations closely link the issue of religious emotions with a set of pivotal concepts of the disciplinary doxa, such as legitimacy, institution, charisma, or modernity. The dominant understanding of religious emotions is not simply a blind spot in sociological analysis; rather, it constitutes the cornerstone of an intellectual construction which, in the eyes of many sociologists in this field, “engage everything which defines their own idea of themselves,” to quote the epigraph of this chapter.

    Then referring to the specific case of Pentecostalism – usually described as an “emotional religion” – I go on to consider how these canonical interpretations go hand-in-hand with strategies of categorisation and (dis)qualification. As I show, these strategies are intertwined with interests in the academic or religious field and with social relationships of domination. They highlight the social distance between the academic position (and the intellectual figure, classically associated with reason) and the religious “emotional” field. They also point to classification struggles between religious actors themselves.

    Finally, I suggest how to disentangle the sociology of religious emotions from the influence of beliefs, distinction effects, and academic doxa and connect this field of research to wider social dynamics, such as the evolution of the relationships between individual and institution, the contemporary ideology of the “society of communication” (Neveu, 2001), and the norms of self-control in relation to the body. 

  • "La religion est un fait social" (entretien)

    csm_2016-07-04_Thinkstock-foule_863070e5d0.jpgJe reproduis ci-dessous un entretien publié le 6 février 2018 dans La Croix, à l'occasion du colloque "Religion et classes sociales" de l'AFSR.

     

    La Croix : Constatez-vous toujours un intérêt des chercheurs pour les religions ?

    Yannick Fer : Le domaine est à la fois en déclin et en renouvellement. Il y a un déclin si on ne regarde que les sciences sociales des religions au sens classique. Cela est lié à un arrière-plan culturel et religieux qui décline. En revanche, on note une progression au sein de la sociologie générale. C’est-à-dire qu’il y a de plus en plus de chercheurs qui travaillent sur des sujets qui ne sont pas religieux mais qui rencontrent le religieux sur leur terrain. Ils veulent ainsi avoir des outils pour l’intégrer dans le contexte général de leur objet d’études. Par exemple, une chercheuse travaille sur l’économie domestique des classes populaires et à un moment, elle croise le religieux et s’intéresse aux femmes qui fréquentent la mosquée pour déterminer si cela a une influence sur la manière dont elles gèrent leur budget. De même, quand en sciences politiques, un chercheur rencontre des acteurs évangéliques ou catholiques par exemple.

    Quelles sont les d’objets d’études qui attirent le plus  ?

    Y. F. : Le tropisme autour de l’islam est, je crois, lié à des enjeux politiques et à une façon de surmédiatiser l’islam et les musulmans en le construisant comme un problème politique. Et, cela a des effets sur le plan de la recherche car il y a des financements pour les gens qui vont travailler sur l’islam sous un certain angle, notamment la mode sur la déradicalisation. Il y a des appels d’offres sur ces sujets. C’est un peu le danger : je ne suis pas du tout convaincu de la pertinence politique et scientifique de faire travailler les chercheurs en leur indiquant plus ou moins implicitement le résultat à obtenir.

    Pour le reste, il y a toujours eu en France des travaux sur le catholicisme, des historiens… Une tradition existe. Compte tenu de la croissance des mouvements évangéliques et pentecôtistes dans le monde, il y a également un développement dans ce domaine de recherche. Finalement, l’éventail est assez large.

    Dans ce contexte, quels sont les objectifs du colloque de l’AFSR ?

    Y. F. : Pendant plusieurs décennies, l’accent a été mis sur les logiques d’émancipation. Mais si l’on poursuit trop loin dans ce registre, on oublie de resituer les gens dans leur contexte social. Il y a du « bricolage religieux », mais il n’est pas uniquement lié à une liberté absolue de l’individu car on sait bien qu’influent notre milieu d’origine, notre socialisation, notre parcours scolaire. Il est vrai que la religion ne représente plus le même système d’autorité mais il demeure des déterminants sociaux, y compris dans ce qu’on décrit comme des pratiques très personnelles.

    En choisissant pour notre colloque le thème « Religions et classes sociales », il s’agit de défendre l’idée qu’il est à la fois nécessaire et pertinent de réfléchir à la dimension sociale de la religion, de l’appartenance sociale et de la pratique religieuse… En outre, le colloque veut illustrer que pour expliquer le religieux, il faut maîtriser à la fois les contenus religieux mais aussi la façon dont il s’inscrit dans la société car il ne faut pas oublier que la religion est d’abord un fait social.

     

     Image : Thinkstock.

  • Science et religion (publication)

    science&religion-couv.jpgJe viens de publier aux éditions CNRS Alpha, avec mes collègues Claude Dargent et Raphaël Liogier, le livre collectif Science et religion issu de sessions organisées par le réseau thématique « Sociologie et religions » de l'association française de sociologie. Ci-dessous, le texte de présentation (quatrième de couverture) et la liste des auteurs.

    Présentation. La question des relations entre science et religion est un classique de la controverse. Souvent vues comme conflictuelles, ces relations peuvent être envisagées à partir de différents points de vue. Bien des disciplines ont en effet des choses à dire dans ce domaine. Anthropologie, philosophie, histoire, droit seront ainsi convoqués dans les contributions rassemblés dans cet ouvrage.

    La sociologie y occupe néanmoins une place privilégiée. De Émile Durkheim et Max Weber jusqu’aux auteurs les plus contemporains, sociologie des religions et sociologie des sciences ne cessent en effet de se croiser. Et les différentes études de cas présentées dans l’ouvrage démontrent qu’on ne peut pas réduire les rapports entre sciences et religions à un combat structurel : si les exemples de conflit sont nombreux, on constate aussi l’existence de « zones grises » où ces deux registres se rencontrent et se mêlent.

    Auteurs. Claude Dargent, Laetitia Ogorzelec-Guinchard, Elsa Déléage, Claire Reggio, Ludovic Bertina, Gwendoline Malogne-Fer, Nora Demarchi, Judith Hermann-Mesfen, Nicolas Le Dévédec, Yannick Fer et Raphaël Liogier.

    Pour télécharger le sommaire, cliquer ici.