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Rechercher : jeunesse en mission

  • Louis Levant, itinéraire d’un pasteur pentecôtiste en Océanie française

    medium_louis2.2.jpgIl y a une semaine, le 14 octobre, le pasteur Louis Levant, ancien président des assemblées de Dieu de Polynésie française et pasteur de l’église d’Orovini à Papeete, quittait Tahiti pour retourner vivre dans son pays d’origine, la Nouvelle-Calédonie. Arrivé en Polynésie française en 1979, il a joué pendant 27 ans un rôle de tout premier plan dans l’émergence et la structuration de cette église, si bien que reprendre les principales étapes de son parcours, c’est aussi revisiter l’histoire du pentecôtisme polynésien. Je n’en reprendrai ici que quelques-unes.

    Vietnamien du pays minier néo-calédonien
    Né de parents vietnamiens, venus de l’Indochine française pour travailler dans les mines de nicklel, de chrome et de manganèse en Nouvelle-Calédonie, Louis Levant a grandi dans une famille de 14 enfants, installée à 400 kilomètres au nord de Nouméa. Comme ses parents, il fréquente alors l’église catholique. « La préoccupation première de mes parents, c’était de survivre », me disait-il lors d’un entretien en janvier 2001. « Mes parents travaillaient dans les mines, ils avaient un numéro, c’était peut-être plus facile pour le contremaître. Ils ont travaillé sur les mines de nickel, ils ont acheté un petit bouiboui et avec les économies après, ça s’est agrandi, le petit bouiboui est devenu un magasin ».

    Mobilité individuelle et conversion
    En 1970, Louis Levant part à Montpellier pour suivre des études de droit. « À cette époque, dit-il, je croyais en Dieu, c’est vrai, mais ma seule préoccupation, c’était de finir mes études, je voulais faire haute administration ou barreau, avec un ami mélanésien. » C’est là qu’il se convertit au pentecôtisme, des circonstances que l’on retrouve très fréquemment dans les itinéraires pentecôtistes : une mobilité sociale et géographique qui éloigne du milieu familial et renforce la conviction qu’il faut par soi-même trouver le moyen de « faire sa vie » ; la rencontre avec des jeunes qui vivent le christianisme non comme un héritage obligé mais un engagement personnel. À la même époque, l’organisation Youth With a Mission (Jeunesse en Mission) recrute, dans le quartier polynésien de Ponsonby à Auckland, de futurs « équipiers » parmi la jeune génération polynésienne née en Nouvelle-Zélande ou venue y étudier. Exode rural, migrations internationales, mobilité sociale : le pentecôtisme est d’abord une religion de la mobilité.
    A Montpellier, Louis Levant rencontre des étudiants pentecôtistes qui distribuent des bibles au restaurant universitaire. Il accepte leur invitation pour des réunions de jeunesse et de prière où l’on parle de guérisons, de vies transformées puis rejoint une petite église pentecôtiste de la région.

    Missions pentecôtistes dans le Pacifique francophone et protestantisme chinois
    L’action missionnaire des assemblées de Dieu françaises, qui s’organise à partir de 1955 (les assemblées elles-mêmes sont créées en 1932) se concentre sur les colonies françaises, qui accèdent à l’indépendance au cours des années 1960, et sur les DOM-TOM : Gabon, Haute-Volta, Côte d’Ivoire, ancienne Indochine, la Réunion. Elle est présente dès 1955 en Nouvelle-Calédonie. Mais son implantation en Polynésie française est beaucoup plus tardive et emprunte des chemins détournés (cf. article « Une histoire hakka ») : c’est d’abord au sein de la communauté chinoise de Tahiti, sous l’impulsion d’un évangéliste sino-américain, que le pentecôtisme y apparaît en 1967.
    En 1979, lorsque Louis Levant, devenu pasteur des assemblées, est appelé en Polynésie française pour seconder Roger Albert, il rejoint donc une église chinoise, l’église Alléluia dont Roger Albert est le pasteur depuis 1975. Son arrivée est liée à une crise survenue entre missionnaires français, sur une question essentielle et qui déterminera toute l’histoire du pentecôtisme polynésien : faut-il créer des églises communautaires, regroupant séparément les Chinois, les Polynésiens, les Popa’a (Européens, blancs) ou une seule église transculturelle ?
    Le pasteur Réaux, ancien missionnaire en Afrique, penche pour la première solution. Désavoué par la direction des missions, il crée l’église Morija, qui s’éteint en 1986. Devenu pasteur d’Alléluia, Louis Levant – comme Roger Albert – refuse tout repli communautaire, qu’il considère comme une forme de « racisme » et lance des campagnes d’évangélisation qui, en amenant à Alléluia des Polynésiens de toutes origines, entraîneront son licenciement en 1982.
    Les assemblées de Dieu polynésiennes sont donc nées de cette rupture entre la direction d’Alléluia et Louis Levant qui, suivi par 80% des fidèles environ, a lancé à cette époque, dans la vallée de Titioro, la première assemblée. Les années 1980 et 1990 ont vu l’essor rapide de cette église, à Tahiti (Papeete, presqu’île de Taravao) puis dans les îles. Dans le même temps, elle reste perçue par beaucoup de Polynésiens comme une affaire de Chinois, « les Alléluia » : jusque dans les années 2000, on entend dire que « ce sont des Vietnamiens qui font ça » (le beau-frère de Louis Levant, Albert Richardson, l’a rejoint en tant que missionnaire, mais l’église compte désormais plusieurs pasteurs locaux).

    Pasteur Levant sur RTV
    Sous la présidence de Louis Levant, les assemblées de Dieu ont créé plusieurs associations de jeunesse, installé des équipes d’aumônerie à l’hôpital et à la prison. Mais aucune de ces initiatives n’a eu un impact comparable à celui de la station de radio ouverte en 1997, te vevo o te tiaturira’a (RTV, la « radio de l’espoir »), première radio chrétienne en Polynésie française (1). En 2000, un sondage Louis Harris estimait à plus de 30000 le nombre de personnes qui connaissent RTV dans les îles Sous-le-Vent et entre 4400 et 7700 le nombre de ses auditeurs tout au long de la semaine.
    Parfois surnommé « pasteur gadget » par les fidèles, pour son goût immodéré des innovations technologiques, Louis Levant s’est beaucoup investi dans cette entreprise qui lui a ouvert les portes de beaucoup de foyers polynésiens, bien au-delà des murs de son église : dans leur voiture, au bureau, à la maison, des Polynésiens protestants, adventistes ou catholiques écoutent « Levant, le matin sur RTV ». Jusque dans les bureaux de l’église protestante ma’ohi, on entend RTV, qui ne se présente jamais comme la radio des assemblées (ce qu’elle est, objectivement) mais comme une radio « chrétienne ».
    Or, ce type de média entretient des affinités évidentes avec les attentes contemporaines vis-à-vis de la religion : une expérience personnelle, quelque chose de « spirituel mais pas religieux » que l’on peut construire en partie par soi-même en dehors de l’autorité institutionnelle, en lisant les livres des évangéliques nord-américains, en écoutant la radio ou en assistant aux concerts organisés par RTV – le québécois Luc Dumont, Exo.

    A suivre…
    En 2004, le pasteur Éric Barber a succédé à Louis Levant à la présidence des assemblées. De mère polynésienne, c’est avant tout un évangéliste, à l’initiative des missions lancées depuis 2000 aux îles Marquises, tandis que Louis Levant serait plutôt un « pasteur-berger », davantage tourné vers l’accompagnement des membres de l’église que vers la conquête de nouveaux membres. Louis Levant a choisi de suivre des formations à l’église Nouvelle Vie de Longueuil, une méga-église de la banlieue de Montréal avec laquelle il entretient depuis plusieurs années des relations suivies et qui est aussi un des pôles majeurs d’innovation au sein du pentecôtisme francophone. Un pôle qui contrebalance notamment l’orientation très conservatrice des assemblées de Dieu françaises et diffuse en particulier les méthodes du counseling ou psychologie chrétienne – un secteur qui connaît au sein du protestantisme évangélique un engouement considérable.
    Louis Levant a rejoint les assemblées néo-calédoniennes, historiquement proches des assemblées françaises du nord de la France (plus conservatrices qu’au Sud), afin de participer à la formation des pasteurs et à la mise en place d’un réseau pentecôtiste francophone dans le Pacifique. Une raison supplémentaire pour entreprendre l’étude sociologique du pentecôtisme et plus largement du protestantisme évangélique néo-calédonien qui, comme je le soulignais dans une note en juillet dernier, reste à faire.
     
     
    1. Il y a aujourd'hui en Polynésie française quatre stations de radio créées par des églises : l'église adventiste du septième jour, l'église catholique et, depuis peu, l'église protestante ma'ohi.

  • Mes principales publications

    LIVRES

    -2017, avec G. Malogne-Fer (eds.), Le protestantisme à Paris, diversité et recompositions contemporaines, Genève, Labor et Fides, 420 p.
    - 2015, avec Gwendoline Malogne-Fer (dir.), Femmes et pentecôtismes, enjeux d'autorité et rapports de genre, Genève, Labor & Fides coll. "Enquêtes", 295 p.
    - 2014, (ed.), Diasporas asiatiques dans le Pacifique, histoire des représentations et enjeux contemporains, Paris, Les Indes savantes, 201 p.
    - 2013, avec Gwendoline Malogne-Fer (dir.), Le protestantisme évangélique à l'épreuve des cultures, coll. Anthropologie critique, Paris, L'Harmattan, 160 p.
    - 2010, L'offensive évangélique. Voyage au coeur des réseaux militants de Jeunesse en Mission, Labor et Fides, Genève. 182 p.
    - 2009, avec Gwendoline Malogne-Fer (dir.), Anthropologie du christianisme en Océanie, coll. Cahiers du Pacifique Sud contemporain n°5, Paris, L’Harmattan, 193 p.
    - 2000, avec Gwendoline Malogne-Fer, Tuaro’i, réflexions bibliques à Rapa, conversion et identité, Haere Po, Tahiti, 308 p.



    ARTICLES ET CHAPITRES

    - 2018, « An Affective (U-)Turn in the Sociology of Religion? Religious Emotions and Native Narratives », in V. Altglas et M. Wood (eds), Bringing Back the Social into the Sociology of Religion, Leiden, Brill: p. 142-168.
    - 2018, entrée « Pentecostalism » in J. Michael Ryan et al. (eds.), The Encyclopedia of Social Theory, Londres, Wiley-Blackwell, p. 1725-1727.
    - 2017, « Conclusion : Remarques sur l’institution religieuse, les régimes de vérité et l’autonomie scientifique », in C. Dargent, Y. Fer et R. Liogier (eds.), Science et religion, Paris, CNRS Alpha, p. 225-234.
    - 2017, avec G. Malogne-Fer, « The Marches for Jesus in Paris. Religious territorialisation and the appropriation of public space in a fragmented city », in D. Garbin et A. Sthran (eds.), Religion and the Global City, Londres, Bloomsbury : p. 155-172.
    - 2017, avec G. Malogne-Fer, « Introduction : le protestantisme et Paris » in Y. Fer et G. Malogne-Fer (eds.), Le protestantisme à Paris, diversité et recompositions contemporaines, Genève, Labor et Fides, p. 15-56.
    - 2017, « Une nouvelle génération ? Réseaux missionnaires de jeunesse et programmes ‘jeunes’ au sein du protestantisme parisien » in Y. Fer et G. Malogne-Fer (eds.), Le protestantisme à Paris, diversité et recompositions contemporaines, Genève, Labor et Fides, p. 323-343.
    - 2017, « Les manifestations protestantes à Paris. Enjeux de visibilité et jeux de distinction » in Y. Fer et G. Malogne-Fer (eds.), Le protestantisme à Paris, diversité et recompositions contemporaines, Genève, Labor et Fides, p. 363-388.
    - 2017, avec P. Gonzalez, « De Paris à Genève, les lieux communs d’une mobilisation charismatique » in Y. Fer et G. Malogne-Fer (eds.), Le protestantisme à Paris, diversité et recompositions contemporaines, Genève, Labor et Fides, p. 389-411.
    - 2016, avec G. Malogne-Fer, « Le pentecôtisme à Singapour : construction nationale, pluralisme religieux et engagement missionnaire », in P. Bourdeaux et J. Jammes (eds.), Chrétiens évangéliques d'Asie du Sud-Est. Expériences locales d'une ferveur conquérante, Rennes, Presses universitaires de Rennes, p. 261-286.
    - 2016, “Youth With a Mission in the Pacific Islands: From Evangelical globalization to the reshaping of local cultural identities”, in F. Magowan et C. Schwartz (eds.), Christianity, Conflict, and Renewal in Australia and the Pacific, Leiden/Boston, Brill, p. 81-101.
    - 2016, « La théologie du ‘combat spirituel’ : Globalisation, autochtonie et politique en milieu pentecôtiste/charismatique », in J. Garcia-Ruiz et P. Michel (eds), Néopentecôtismes, Paris, Labex Tepsis, p. 52-64.
    - 2015, « Charismatic Globalization, Morality and Politics in Polynesian Protestantism », in S. Coleman et R. Hackett (eds.), The Anthropology of Global Pentecostalism and Evangelicalism, New York, New York University Press, p. 228-242.
    - 2015, « Pentecostal prayer as Personal Communication and Invisible Institutional Work », in L. Woodhead et G. Giordan (eds.), A Sociology of Prayer, Farnham, Ashgate, p. 49-65.
    - 2015, « Des ‘marches pour Jésus’ à l’Anti-Smacking Referendum (1972-2009). Histoire d’une offensive évangélique en Nouvelle-Zélande », in N. Caron et G. Marche (eds.), La politisation du religieux en modernité, Rennes, Presses universitaires de Rennes, p. 145-158.
    - 2014, « L’expérience émotionnelle en pentecôtisme : Dispositifs institutionnels et communication ‘spontanée’ », in A-C. Ambroise-Rendu, A-E. Demartini, H. Eck & N. Edelman (eds.), Emotions contemporaines (19ème-21ème siècles), Paris, Armand Colin, p. 315-330.
    - 2014, avec G. Malogne-Fer, « Protestantism among the Pacific Peoples in New Zealand: Mobility, cultural identifications and generational shifts », in E. Hermann, W. Kempf & T. Van Meijl (eds.), Belonging in Oceania. Movement, Place-Making and Multiple Identifications, Oxford-New York, Berghahn, p. 142-163.
    - 2014, Introduction et « Du proche au lointain : le protestantisme hakka et la présence chinoise dans les églises chrétiennes de Polynésie française », in Y. Fer (ed.), Diasporas asiatiques dans le Pacifique, histoire des représentations et enjeux contemporains, Paris, Les Indes savantes, p. 7-13 et p. 183-196.
    - 2013, « Religion et émotions. Dépasser les présupposés théoriques pour construire une sociologie des émotions concrètes », in F. Fernandez, S. Lézé & H. Marche (eds.), Les émotions, une approche de la vie sociale, Paris, éditions des archives contemporaines, p. 43-57.
    - 2013, avec G. Malogne-Fer, « Territoires et circulations au sein des protestantismes océaniens contemporains », Hermès n° 65, Pacifique et mondialisation, p. 197-205.
    - 2013, « ‘J’ai vu la grand-mère avec Jésus’. Relation personnelle à Dieu et liens familiaux en milieu pentecôtiste polynésien », in C. Pons (ed.), Jésus, moi et les autres. La construction collective d’une relation personnelle à Jésus dans les églises évangéliques: Europe, Océanie, Maghreb,Paris, CNRS éditions, p. 31-57.
    - 2012, " Le protestantisme polynésien, de l'église locale aux réseaux évangéliques", Archives de sciences sociales des religions 157. Pages 47-66. (résumé)<
    - 2011, « Jeunesse en Mission dans le Pacifique : un réseau missionnaire aux frontières de la religion et de la politique », Perspectives missionnaires n°62 (Dossier « La planète évangélique »). Pages 66-72.
    - 2011, « Youth With a Mission » et « French Polynesia » (avec G. Malogne-Fer) in W. C. Roof et M. Juergensmeyer (dir.), Encyclopedia of Global Religion and Society, Sage Publications, Los Angeles.
    - 2011, « Peut-on danser pour Dieu ? Le pentecôtisme polynésien entre rigorisme et “réveil culturel” », in Actes du colloque « Religions populaires et nouveaux syncrétismes », Département d’ethnologie de l’Université de la Réunion, Surya éd., La Réunion. Pages 165-174.

    - 2011, “Religion, pluralism, and conflicts in the Pacific Islands”, in A. Murphy (dir.), Blackwell Companion to Religion and Violence, Londres, Wiley & Blackwell. Pages 461-472.
    - 2010, « L’église réformée de Belleville: Une église urbaine entre mission locale et globalisation charismatique », in Endelstein L., Fath S.et Mathieu S. (dir.), Dieu change en ville. Religion, espace et immigration, Paris, L’Harmattan. Pages 193-205.
    - 2010, "The Holy Spirit and the Pentecostal Habitus: Elements for a sociology of institution in classical Pentecostalism", Nordic Journal of Religion and Society 2/2010. Pages 157 à 176. (résumé) 
    - 2010, « 1901. Le Saint-Esprit se manifeste aux pentecôtistes », Sciences Humaines n° spécial n°12, Une autre histoire des religions. Pages 60 à 61.
    - 2010, article « émotion » in Azria R. et Hervieu-Léger D. (dir.), Dictionnaire des faits religieux, P.U.F., Paris. Pages 312 à 316.
    - 2009, « Les réseaux missionnaires évangéliques en Océanie : mobilités intergénérationnelles et reconfigurations du militantisme chrétien », Revue internationale de politique comparée 16/1. Pages 119 à 133. (résumé)
    - 2009, "Youth With A Mission (YWAM) et les cultures polynésiennes, définition et mise en scène des identités autochtones en protestantisme évangélique", in GAGNÉ N., MARTIN T. et SALAÜN M. (dir.), Autochtonies. Vues de France et du Québec, Presses de l’université Laval, Québec. Pages 367-377.
    -2008, avec Gwendoline MALOGNE-FER : “ Entre pays et paysages : dynamique des lieux et développement touristique à Rurutu (Polynésie française) ” [version longue de l’article publié en 2005 dans Géographie et Cultures], Bulletin de la société des études océaniennes n° 312, p. 4-36.
    - 2007, "Pentecôtisme et politique en Polynésie française", in BAUBEROT J. et REGNAULT J. M. (dir.), Relations Églises et autorités outre-mer de 1945 à nos jours, Les Indes Savantes, Paris, p. 141-151.
    - 2007, « Pentecôtisme et modernité urbaine : entre déterritorialisation des identités et réinvestissement symbolique de l’espace urbain », Social Compass 54(2). Pages 201 à 210. (résumé)
    - 2006, « Le pentecôtisme en Polynésie française : une religion efficace pour des temps d’incertitude ? », Pacific Theological Journal series II n°35, p. 18-47.
    - 2006, avec Gwendoline MALOGNE-FER : chapitre « French Polynesia » in ERNST M. (ed.), Globalization and the Re-shaping of Christianity in the Pacific Islands, Pacific Theological College, Suva (Fidji). Pages 649-683.
    - 2006, “ L’évangélisation, “ une manière de vivre ” : mobilisation militante et devoir de témoignage au sein des assemblées de Dieu de Polynésie française ”, in CARLUER J.-Y. (dir.), L’évangélisation. Des protestants évangéliques en quête de conversion, Excelsis (Cléon d’Andran, collection d'études sur le protestantisme évangélique). Pages 51 à 62.
    - 2005, “ Genèse des émotions au sein des assemblées de Dieu polynésiennes ”, Archives des sciences sociales des religions n° 131-132. Pages 143 à 163.
    - 2005, Avec Gwendoline MALOGNE-FER : “ Entre pays et paysages : dynamique des lieux et développement touristique à Rurutu (Polynésie française) ”, Géographie et Cultures n° 52. Pages 73 à 90.(aperçu Google Livres)
    - 2005. « The Growth of Pentecostalism in French Polynesia : a Hakka History. Migration, Cultural Identity and Christianity », China Perspectives n° 57. Pages 50 à 57. (trad. anglaise de l’article suivant)
    - 2004, “ Le pentecôtisme en Polynésie française : innovations religieuses et dynamiques du changement socioculturel ”, Journal de la société des Océanistes n°119. Pages 163 à 170.
    - 2003, “ Les années 80 en Polynésie française : les premiers signes d’une modernité religieuse ” in Regnault J.-M. (dir.) : François Mitterrand et les territoires français du Pacifique 1981-1988, éd. Les Indes savantes (Paris). Pages 417 à 425.
    - 2002, avec Gwendoline MALOGNE-FER : “ christianisme, identités culturelles et communautés en Polynésie française ”, revue Hermès n°32-33, avril. Pages 355 à 365.
  • Protestantisme évangélique et diversité culturelle (journée d'étude)

    J'ai déjà évoqué ici l'émergence des "christianismes du Sud", où comment la tendance au déclin du christianisme institutionnel observable dans la plupart des sociétés occidentales depuis les années 1960-70 croise aujourd'hui la courbe ascendante des christianismes sud-américains, africains, asiatiques ou Island breeze.jpgocéaniens: notamment à l'occasion de mes enquêtes de terrain en 2007 en Nouvelle-Zélande, où les Pacific Peoples venus des îles polynésiennes représentent désormais une large part des forces militantes des églises chrétiennes (voir par exemple la note sur le West City Christian Centre une méga-église multiculturelle d'Auckland); ou encore à propos du réseau évangélique Jeunesse en Mission, du mouvement Island Breeze et de ces évangéliques charismatiques qui dansent la hula.

    cross.jpgParce que l'Occident semble à leurs yeux en voie de déchristianisation, que le christianisme s'est ancré au fil du temps dans les cultures locales, ces chrétiens du Sud sont désormais nombreux - surtout en milieu évangélique, mais pas seulement - à regarder les anciennes puissances colonisatrices et missionnaires comme de nouvelles terres de mission. Ils revendiquent aussi, de plus en plus souvent, le christianisme comme une part de leur identité culturelle distinctive, ce qui marque une rupture avec le discours classique du protestantisme évangélique sur la "nouvelle identité en Christ", synonyme de mise à distance des traditions et des appartenances culturelles "obligées".

    chrétiens africains.jpgLes anthropologues des christianismes africains ont été parmi les premiers à s'intéresser à ces nouvelles dynamiques religieuses. Ils ont aussi été amenés à suivre la piste des migrations internationales, en étudiant notamment les églises implantées par les migrants africains en Europe. Un numéro spécial des Archives des sciences sociales des religions paru en 2008, sur le thème "Christianismes du Sud à l'épreuve de l'Europe" et plus récemment, le livre collectif Chrétiens africains en Europe, édité par Sandra Fancello et André Mary, ont montré l'étendue et l'intérêt de ces nouveaux champs de recherches.

    logo mirail.jpgC'est dans le prolongement de cette réflexion collective que s'inscrit la journée d'étude "Protestantisme évangélique et diversité culturelle" que j'organise avec Gwendoline Malogne-Fer, le 19 octobre prochain à la Maison de la recherche de l'université Toulouse le Mirail. Vous trouverez ci-dessous l'argumentaire et le programme détaillé de cette journée, qui donnera lieu à une publication. Le programme peut aussi être téléchargé ici.

    - Argumentaire -

    Les flux migratoires et le dynamisme des christianismes du Sud ont profondément transformé, au cours des dernières décennies, la physionomie du protestantisme évangélique. Sa diversité théologique, accentuée par l’essor des mouvements pentecôtistes/charismatiques, s’entrecroise désormais avec une diversité culturelle tout aussi importante, rendant souvent incertain le tracé des frontières entre altérités culturelle et religieuse. Il n’est pas rare que le protestantisme évangélique, s’éloignant ainsi de son traditionnel tropisme individualiste et universaliste, se trouve aujourd’hui engagé dans des processus de reformulation religieuse des identités culturelles, notamment en contexte diasporique. Ces relations complexes entre protestantisme évangélique et diversité culturelle se jouent à plusieurs échelles : dans l’espace urbain, le cadre national, les circulations transnationales et/ou les réseaux mondialisés. Elles concernent à la fois la gestion interne des églises ou fédérations d’églises et les rapports interreligieux dans les sociétés plurielles. Dans le champ religieux, les acteurs évangéliques semblent osciller entre l’institutionnalisation de la diversité culturelle (qui peut conduire à une ségrégation de fait) et celui de l’indifférenciation culturelle (au risque de confondre universalisme et culture dominante), en passant par des expressions nationales ou ethniques de la foi évangélique. Au niveau sociopolitique, le militantisme missionnaire et les réticences envers l’œcuménisme, renforcés par l’influence de la théologie du "combat spirituel", paraissent souvent entraver la participation des acteurs évangéliques aux initiatives de dialogue interculturel et interreligieux.

     - Programme - 

    Introduction (9h30-9h45). Yannick Fer (GSRL) et Gwendoline Malogne-Fer (GSRL), coordonnateurs de la journée.

    Session 1 : circulations, mobilités et réseaux informels (9h45-11h15). Discutant : André Mary (LAHIC)

    • Bernard Coyault (EHESS). « Du nomadisme ecclésial dans la diaspora congolaise en France : entre pragmatisme religieux et subversion des identités assignées ».
    • Bernard Boutter (CSRES-Strasbourg). « Les églises évangéliques charismatiques issues des migrations africaines en France : diversité des stratégies et réseaux informels ». 

    Session 2 : entre dépassements et revendications culturels (11h30-13h00). Discutant : Patrick Cabanel (FRAMESPA)

    • Valérie Aubourg (Université de la Réunion). « Les églises évangéliques charismatiques à l’île de la Réunion : une expression créole de la foi pentecôtiste ».
    • Sébastien Fath (GSRL). « L’enjeu de la diversité culturelle dans le protestantisme parisien : l’exemple de l’église baptiste de l’Avenue du Maine »

    Session 3 : migrations et gestion du pluralisme religieux (14h30-16h30). Discutants : chantal Bordes-Benayoun (LISST-CAS) & Eckart Birnstiel (FRAMESPA)

    • Julie Picard (EHESS/LISST). « Du repli identitaire à l’ouverture copte : migrants subsahariens chrétiens et diversification des protestantismes évangéliques en Egypte ».
    • Sarah Demart (Université de Liège). « Pluralisme évangélique et concurrences missionnaires : l’insertion des églises ‘congolaises’ dans le champ protestant belge ».
    • Géraldine Mossière (Université de Montréal). « Spatialisation et déterritorialisation des acteurs du pentecôtisme congolais à Montréal : une géographie des rapports ethniques et sociopolitiques ».

     Conclusion. Jean-Pierre Albert (LISST-CAS)

     

    Illustrations: danseuses polynesiennes d'Island Breeze ; culte dominical de la Church of Melanesia de Tagabe, Vanuatu (COE).