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Rechercher : jeunesse en mission

  • Vient de paraître : Le protestantisme à Paris

    paris,protestantisme

    Sous la direction de Yannick Fer et Gwendoline Malogne-Fer
    Le protestantisme à Paris. Diversité et recompositions contemporaines
    Genève, Labor & Fides, collection "Enquêtes", 420 p., 2017.

     

    Présentation. Quelles sont les dynamiques sociales, religieuses et spatiales observables aujourd’hui en terrain protestant parisien ? Quelles relations les différentes Eglises protestantes entretiennent-elles dans la capitale française ? Le protestantisme à Paris est traversé par une recomposition très active, liée entre autres aux migrations. L’essor des Eglises antillaises, africaines ou asiatiques souvent d’orientation évangélique, et la diversité croissante (culturelle mais aussi théologique) au sein de l’église protestante unie bousculent l’ordre établi.

    La Nouvelle France protestante (paru en 2011 aux éditions Labor et Fides, sous la direction de S. Fath et J.-P. Willaime) soulignait déjà l’importance des transformations en cours au sein du protestantisme français. En s’appuyant sur les nouveaux apports de la recherche en sciences sociales, et en s’intéressant à la région capitale qui concentre aujourd’hui plus d’un cinquième des protestants de France, ce livre apporte un éclairage inédit sur ces changements. Il offre un panorama particulièrement riche des expériences protestantes en région parisienne et propose des analyses précieuses sur une série d’enjeux déterminants pour l’avenir de ce protestantisme parisien, tels que l’intégration, la jeunesse, les inégalités sociales, la diversité culturelle ou les nouvelles revendications de visibilité dans l’espace public. 

    On peut consulter la table des matières en cliquant ici.

  • JMJ 2008 à Sydney : Benoît XVI et le catholicisme down under (entretien)

    panorama sydney.jpgLes prochaines journées mondiales de la jeunesse (JMJ), rassemblement catholique organisé tous les deux ou trois ans, auront lieu du 15 au 20 juillet 2008 à Sydney, en Australie. L’église catholique attend 125,000 visiteurs internationaux et le pape lui-même effectuera à cette occasion sa première visite en Australie.
    J'ai demandé à Marion Maddox, universitaire australienne spécialiste des relations églises-État et directrice du Centre for Social Inclusion à l’Université Macquarie de Sydney dans quel contexte interviennent ces journées et quel impact elles peuvent avoir sur une jeunesse australienne qui paraît a priori peu en phase avec le discours conservateur de Benoît XVI.


    jmj2008.jpgL’église catholique a choisi Sydney comme lieu des prochaines Journées mondiales de la jeunesse (JMJ). A-t-elle la moindre chance de séduire les jeunes Australiens ?
    J’ai du mal à comprendre ce que les JMJ essaient de faire. Elles se présentent comme un événement destiné aux jeunes, avec un accent sur la jeunesse et la modernité ; mais en même temps, c’est une célébration d’un certain traditionalisme catholique. Par exemple, le Cardinal Pell [cardinal archevêque de Sydney] a demandé que la cathédrale St Mary de Sydney soit désignée comme st mary sydney.jpgun site officiel de pèlerinage, ce qui permettra à ceux qui viendront y prier pendant les JMJ d’obtenir une indulgence plénière ; des confessionnaux sont en train d’être installés dans la ville (en dépit du fait que, jusqu’aux pressions récentes de Rome pour la remise en place du confessionnal traditionnel, les Catholiques australiens ne l’utilisaient quasiment pas, préférant le « troisième rite » de la confession collective pendant la messe). Je pense que l’événement attirera des jeunes Catholiques, en particulier ceux de tendance traditionaliste, mais il semble avoir été conçu davantage pour renforcer l’identité catholique que comme une tentative pour attirer de nouveaux convertis.

    L’organisation des JMJ à Sydney mobilise-t-elle l’attention des Australiens, au-delà du seul cercle des fidèles catholiques ?
    Le principal impact de ces JMJ sur les Australiens non-catholiques est jusqu’ici négatif. Les journaux s’interrogent sur le montant des dépenses the rocks sydney.jpgengagées par le gouvernement pour l’occasion ; des routes sont bloquées et les transports publics de Sydney, déjà surchargés, seront encore plus sollicités ; on a demandé aux employés de bureau de prendre si possible une semaine de congé pour réduire les encombrements ; des lois spéciales instaurent une amende de 5000 dollars australiens pour ceux qui chercheraient à « importuner » les participants aux JMJ ; la police a dit que quiconque prendrait part à une manifestation (par exemple des groupes représentant les victimes d’abus sexuels par des prêtres) devrait au préalable soumettre pancartes et slogans pour approbation. Tout ceci nourrit les sarcasmes et l’irritation du public.
    Bien sûr, il est possible que cela change dès que le pape arrivera et que les informations négatives cèderont la place à des évènements positifs.

    Quelle est aujourd’hui l’état de l’église catholique en Australie ? Le pape lui-même semble davantage se situer dans la perspective d’une reconquête du terrain perdu (la « nouvelle évangélisation ») que dans celle d’une visite en terre conquise.
    sicdgif_logo.gifLes Catholiques australiens sont essentiellement constitués de trois vagues d’immigrants. D’abord, des bagnards et des travailleurs pauvres irlandais, suivis par le clergé et les religieux venus s’occuper d’eux ; ensuite, après la seconde guerre mondiale, des travailleurs d’Europe du Sud (des Italiens en particulier) ; et plus récemment des Catholiques du Vietnam et d’autres pays asiatiques.
    Le catholicisme est la plus importante confession d’Australie, avec environ 26% de la population, mais l’Australie est culturellement très sécularisée et seule une minorité de ces 26% assiste régulièrement à la messe. Alors que les chiffres de fréquentation des églises ont chuté depuis les années 1950 (dans toutes les confessions), cette période a été plus religieuse qu’habituellement ; depuis la colonisation européenne, la religion n’a joué qu’un rôle mineur dans la culture publique australienne et très peu ou pas du tout dans l’identité nationale. Donc, si le pape cherche à regagner le « terrain perdu », il devrait se demander si l’église a en réalité jamais eu un tel enracinement. Historiquement, les Catholiques ont souffert beaucoup de discriminations en Australie (par exemple à l’embauche) et étaient méprisés, considérés comme pauvres et sous-éduqués. Il y a eu un renversement au cours de la seconde partie du siècle dernier, avec un soutien généreux du gouvernement aux écoles catholiques, par exemple. Les Catholiques étaient aussi traditionnellement très proches de la gauche (le parti travailliste australien). En termes de votes, cela reste vrai, mais ce n’est plus aussi fort qu’au cours des dernières décennies. Mais même s’ils restent peu nombreux à pencher vers les conservateurs, les Catholiques sont maintenant fortement représentés au sein des partis parlementaires de droite.

    L’église catholique australienne est-elle de tendance plutôt conservatrice ou libérale ?
    Les deux. Ces dernières années, la tendance libérale a été prééminente, en particulier sur les questions de justice, de paix et d’environnement, les organisations catholiques ont été des voix importantes pour attirer l’attention du public sur le traitement très dur des demandeurs d’asile par le précédent gouvernement, par exemple, et ont souvent pris la défense des pauvres, des droits des travailleurs et des peuples autochtones.pell.jpg
    Néanmoins, le plus haut responsable catholique australien, l’archevêque Geogres Pell, est généralement considéré comme conservateur, surtout sur les questions théologiques mais aussi les questions sociales. Mais les différents secteurs de l’église catholique ont des orientations politiques différentes. Les voix libérales les plus éminentes viennent des ordres religieux plutôt que de la hiérarchie d’église, par exemple.
    Il faut dire aussi que même les secteurs les plus libéraux de l’église ne se distinguent pas toujours dans la défense des victimes lorsque le problème concerne l’église elle-même. On en a eu un exemple récent avec la lettre des évêques catholiques australiens condamnant unanimement un évêque retraité, Geoffrey Robinson, qui a écrit écrit un livre sur les abus sexuels dans l’église catholique.

    Peut-on dire aujourd’hui que l’Australie est une société profondément sécularisée ?
    Oui, près de 70% des Australiens déclarent une foi ou une affiliation religieuses, mais seulement une très petite proportion en fait une part centrale de sa vie. Environ 9% des Australiens disent aller à l’église chaque semaine.

    rudd.jpgDans God under Howard(1), vous décriviez les relations entre politique et religion sous le gouvernement conservateur australien dirigé jusque fin 2007 par John Howard. Le nouveau Premier ministre travailliste, Kevin Rudd, se présente quant à lui comme un fervent Chrétien, d’origine catholique, mais ne semble pas en faire un argument politique. Est-il représentatif du catholicisme australien ?
    En fait, Kevin Rudd est anglican ; il a été élevé dans la religion catholique mais il est devenu anglican à l’âge adulte (quand je l’ai interviewé en 1999, il me disait quand même que « la possibilité de se re-convertir au catholicisme reste toujours là »). Il a beaucoup parlé de sa foi, surtout avant de devenir Premier ministre. Un de ses premiers gestes pour se construire une stature de leader a  été d’écrire quelques articles de revues sur le théologien allemand luthérien Dietrich Bonhoeffer. (Je crois bien que ce doit être le premier Premier ministre australien depuis très longtemps qui puisse ne serait-ce que nommer un théologien du 20ème siècle, sans parler d’écrire un essai informé sur lui !)
    Depuis son élection, sa foi transparaît dans ses déclarations, moins explicitement qu’à travers des symboles ; par exemple en février 2008, son discours d’excuse aux « générations volées » (les Aborigènes australiens enlevés à leurs familles dès l’enfance) avait très clairement un air liturgique. Les fidèles des églises mainline ont tendance à considérer la religion comme quelque chose qui peut inspirer les décisions politiques mais dont les politiciens de doivent pas faire un usage explicite. Dans l’ensemble de l’histoire politique australienne, les politiciens ont été du même avis. L’intérêt récent pour la foi personnel de nos élus reflète une américanisation de la politique australienne et une attention croissante sur les affaires personnelles des politiciens de manière générale (mariage, vie de famille, personnalité, etc…). Sachant que seule une petite proportion des électeurs va régulièrement à l’église, il faut s’intéresser aux effets plus larges de la religiosité des responsables politiques. Dans God Under Howard, je montrais que les Australiens sécularisés apprécient un certain degré de religiosité chez leurs responsables politiques. Les politiques ont la réputation d’être cyniques et intéressés ; mais quand ils insistent sur leur identité religieuse, cela nous rassure en suggérant qu’ils sont mus par des valeurs plus élevées (même si ce sont des valeurs que très peu d’électeurs partagent dans les faits).

    L’Australie est un pays d’immigration. Les flux migratoires des trente dernières années ont-ils modifié le visage du christianisme australien et en particulier celui du catholicisme ? Plus largement, quelle place occupe la question religieuse dans les débats sur le multiculturalisme ?
    Chaque vague de migration a apporté au catholicisme australien une nouvelle dimension ethnique. Chaque vague de migration a aussi créé un groupe facilement identifiable de nouveaux arrivants qui sont devenus la cible de peurs de types raciste ou autre. En ce moment, le grand débat sur le multiculturalisme et la religion porte sur l’islam. Il y a dix ou quinze ans, il s’agissait plutôt de savoir comment les traditions religieuses des peuples aborigènes devaient être protégées par des lois contre les activités minières ou les projets économiques sur des sites sacrés. Il y a quinze ans, le point de tension était l’antagonisme entre les Catholiques et les Protestants (même si on utilisait pas alors le mot « multiculturalisme »). La religion elle-même n’est généralement pas très importante dans ces débats ; critiquer la religion est souvent une manière de stigmatiser les autres sans faire appel à la notion de race.


    1. Marion Maddox, 2005, God Under Howard. The Rise of the Religious Right in Australian Politics, Sydney, Allen & Unwin, 386 p.

     

    Photos de Sydney : Sydney Webcam.

  • Christianismes en Océanie - Changing Christianity in Oceania (publication)

    couv assr 157.jpgLe numéro 157 des Archives de sciences sociales des religions, que j'ai coordonné, vient de paraître. Intitulé "Christianismes en Océanie - Changing Christianity in Oceania", il rassemble 8 contributions et marque l'aboutissement d'un travail collectif entamé en 2008 à l'occasion de journées d'études dont j'avais alors parlé ici.

    The issue #157 of the Archives de sciences sociales des religions has just been released. This publication that I've coordinated includes 8 contributions and is the main outcome of a collective work which began in 2008 with a two-day workshop held in Paris (see here).

    Vous trouverez ci-dessous le texte de présentation de ce numéro, ainsi que le sommaire. Pour lire le résumé de chaque article, il suffit de cliquer après les titres.

    You will find below a short presentation of this issue and the table of contents. To read the abstract of each article, just click after the title.

    Bonne lecture.

    Présentation. Au cours des trente dernières années, le christianisme a changé en Océanie, dans un contexte de profond changement social marqué notamment par l’urbanisation et l’intensification des migrations et sous l’effet d’une confrontation croissante entre des églises héritières des missions du 19ème siècle et les formes concurrentes du christianisme mondial – en particulier les plus récentes, christianisme,christianity,protestantisme,protestantism,oceania,océanie,pacifique,papouasie nouvelle-guinée,polynésie,fidji,anthropologie,religion,sociologie,théologie,joel robbins,simon coleman,john barker,jacqueline ryle,gwendoline malogne-fer,nouvelle-zélandeévangéliques et charismatiques.
    L’anthropologie du christianisme a changé, elle aussi. Les auteurs de ce numéro cherchent à prendre la mesure de cette double évolution, en associant l’exploration des christianismes d’Océanie et une réflexion collective sur les méthodes et les approches théoriques par lesquels nous en rendons compte. Ils mettent ainsi en lumière l’intérêt que représentent ces terrains océaniens dans la perspective d’une anthropologie du christianisme et pour une compréhension approfondie des rapports entre christianisme et cultures.
    Des montagnes de Papouasie Nouvelle-Guinée jusqu’aux communautés polynésiennes des banlieues urbaines de Nouvelle-Zélande, en passant par la Polynésie française ou Fidji, l’analyse des transformations contemporaines du christianisme océanien invite à dépasser une compréhension trop univoque en termes d’acculturation ou de domination culturelle occidentale, pour prêter davantage attention aux conditions de la rencontre entre une histoire chrétienne locale et les dynamiques actuelles de la globalisation religieuse.

    Presentation. Christianity has changed in Oceania in the last 30 years, in a context of deep social change marked by the impact of migrations and urbanisation, and under the influence of a growing competition between the churches stemming from the 19th Century missions and the new forms of christianisme,christianity,protestantisme,protestantism,oceania,océanie,pacifique,papouasie nouvelle-guinée,polynésie,fidji,anthropologie,religion,sociologie,théologie,joel robbins,simon coleman,john barker,jacqueline ryle,gwendoline malogne-fer,nouvelle-zélandeglobal Christianity - especially Evangelicals and Charismatics.
    Anthropology of Christianity has changed too. The authors of this issue aim to measure the effects of this double evolution, by articulating an exploration of Pacific Christianities with a collective reflection on the methods and theoretical tools we use to analyse them. Thus they point out the interest of Pacific fields of research in the perspective of an anthropology of Christianity and for a deeper understanding of the relationships between Christianity and local cultures.

    From the mountains of Papua New Guinea to the Pacific Peoples communities of New Zealand suburbs, in French Polynesia or in Fiji, the observation of Pacific Christianities invites us to move beyond a too simplistic description in terms of acculturation or Western cultural domination, and to give more attention to the circumstances of the encounter between Pacific Christian local histories and the contemporary dynamics of religious globalisation.


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    Yannick FerIntroduction
    Simon ColemanChristianities in Oceania: “Historical Genealogies and Anthropological Insularities” (résumé - abstract)
    Manfred ErnstChanging Christianity in Oceania: a Regional Overview (résumé - abstract)
    Yannick FerLe protestantisme polynésien, de l’Église locale aux réseaux évangéliques (résumé - abstract)
    John BarkerSecondary Conversion and the Anthropology of Christianity in Melanesia (résumé - abstract)
    Jacqueline RyleBurying the Past-Healing the Land: Ritualising Reconciliation in Fiji (résumé - abstract)
    Joel RobbinsSpirit Women, Church Women, and Passenger Women: Christianity, Gender, and Cultural Change in Melanesia (résumé - abstract)
    Gwendoline Malogne-FerLes protestantismes polynésiens à l’épreuve du genre. L’exemple de l’Église presbytérienne de Nouvelle-Zélande  (résumé - abstract)
    Gilles VidalLa contextualisation de la théologie protestante comme lieu de changement du christianisme en Océanie (résumé - abstract)


    Illustrations: église de la roche à Maré (P-J. Noël) ; culte samoan à la Wellington Methodist Parish (G. Malogne-Fer)