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Gwendoline Malogne-Fer, dans une thèse de sociologie consacrée aux femmes dans l’église évangélique de Polynésie française (église protestante historique, rebaptisée église protestante ma’ohi en 2004) et dans un article publié en 2005 dans la revue en ligne REVER s’est intéressée à la féminisation du pouvoir en Polynésie française et aux représentations des différences de genre qui l’accompagnent. Elle montre bien comment le thème d’un « salut par les femmes » est mis en avant par les dirigeants d’église comme par les dirigeants politiques.
Alors que des femmes au sein de l’église ont revendiqué l’accession au pastorat (accordée en 1997) au nom d’une égalité de compétences, les dirigeants d’église et les hommes politiques misent plutôt sur la différence de genre, avec des conséquences assez paradoxales, que l’on retrouve bien dans les réactions suscitées en France métropolitaine par la candidature de Ségolène Royal. C’est en effet en grande partie parce qu’elles n’ont pas (encore) accès au pouvoir le plus officiel et que l’on ne leur reconnaît pas spontanément une autorité « naturelle » que les femmes ne peuvent être que proches des gens, modestes, à l’écoute, etc… On attend donc d’elles qu’elles transforment ces faiblesses en atouts et « inventent autre chose » afin de réformer des institutions que l'on ne sait plus comment transformer, ce qui place ces femmes dans une situation souvent difficile et les oblige à toujours faire plus et mieux que leurs homologues masculins.
Enfin, lorsque les femmes deviennent pasteures, la question que ne tardent pas à poser les paroissiens habitués au modèle du « couple pastoral » (homme pasteur, épouse de pasteur travaillant bénévolement auprès de son mari et des femmes de la paroisse) est bien sûr : "et son mari ?" Pourquoi a-t-il « laissé sa place » à son épouse, et quel rôle va-t-il pouvoir jouer ? Autrement dit, le même type de questions que l’on voit agiter en France par certains commentateurs politiques habitués à conjuguer le pouvoir au masculin…