Le GTMS (Genèse et transformations des mondes sociaux), centre de recherches CNRS-EHESS, et le réseau québecois DIALOG (réseau d'échange sur les questions autochtones) organisent les 13 et 14 juin prochains un colloque international intitulé L'autochtonie en question : regards croisés France / Québec.
Une trentaine d'intervenants sont annoncés, pour un tour d'horizon des questions liées aux identités et aux revendications autochtones contemporaines qui devrait combler un peu la relative faiblesse des réflexions sur ce sujet en France. La situation du Canada, où les chercheurs sont souvent plus attentifs aux travaux de langue anglaise et s'intéressent de près aux enjeux du multiculturalisme et aux questions soulevées par les populations autochtones amérindiennes et inuit, contraste bien sûr avec beaucoup de discours français encore enfermés dans une opposition binaire entre individu et communauté.
J'interviendrai pour ce qui me concerne au cours de la séance du 14 juin au matin, pour décrire les formes que prennent la définition et la mise en scène des identités autochtones en protestantisme évangélique, à travers l'exemple de Youth With a Mission (Jeunesse en Mission, une des quatre plus importantes organisations missionnaires actuelles) en Polynésie. Il s'agira notamment de voir en quoi cette prise en compte des appartenances autochtones par un protestantisme traditionnellement centré sur la liberté individuelle du converti renvoie à un ensemble de transformations contemporaines des appartenances, affiliations et identités - qu'elles soient culturelles ou religieuses -, en particulier en contexte de migrations et d'intensification des échanges régionaux ou globalisés (élaboration d'une fraternité autochtone rassemblant Océaniens, Amérindiens, Inuits "nés de nouveau").
Le programme de ces deux journées, qui auront lieu dans le grand amphithéâtre de l'EHESS, au 105 boulevard Raspail (Paris 6e) peut être téléchargé en cliquant ici. Pour voir l'affiche, cliquer ici.
(Photo : église anglicane inuit de Puvirnituq, source : www.inuulitsivik.ca)
Le parti indépendantiste qu’il préside, le Tavini Huiraatira, a souvent été considéré comme peu favorable à la cause des femmes, notamment parce que la lutte contre la domination française s’accommode mal d’une lutte des femmes contre la domination des hommes ma’ohi (autochtones), et que dans l’imaginaire colonial les femmes sont facilement soupçonnées d’être trop conciliantes : en se mariant avec des métropolitains, en réussissant mieux à l’école française ou en nouant des relations plus suivies avec les administrations (en particulier les services sociaux et de santé qui assurent le suivi des enfants, dont elles ont la charge). Mais avec l’entrée en vigueur de la loi sur la parité en politique – mieux appliquée en Polynésie française qu’en France métropolitaine – on a vu apparaître sur la scène politique polynésienne des militantes indépendantistes qui témoignent de ce que l’engagement en politique est désormais, dans tous les camps, aussi une affaire de femmes. Plusieurs figures féminines occupent aujourd’hui le premier plan de la scène politique polynésienne, comme