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évangéliques - Page 3

  • Jeunesse en Mission, 50 ans en images (3): portraits de militants évangéliques

    D&C Boyd.jpgPour terminer notre série d'été "50 ans en images" consacrée à Jeunesse en Mission (voir ma note du 15 mai), voici un aperçu de l'histoire de ce réseau missionnaire évangélique en huit points, huit portraits de "Jémiens" - YWAMers en version anglaise - tirés des archives photographiques mises en ligne à l'occasion du 50ème anniversaire de JEM.

    1. Loren Cunningham et le pentecôtisme classique

    cunningham1974.jpgJeunesse en Mission (Youth With a Mission, YWAM) a été fondée en 1960 par Loren Cunningham, que l'on voit ici sur une photo prise en 1974 et ci-dessous, avec son épouse Darlène (en 1988) devant l'inévitable mappemonde, qui rappelle l'expansion mondiale de YWAM.

    D&L cunningham 1988.jpg

    L. Cunningham avait 26 ans lorsqu'il a créé YWAM. Il était alors pasteur des assemblées de Dieu, responsable des activités de jeunesse du district de Los Angeles. Fils de pasteur (ses parents étaient pasteurs de cette même église) et petit-fils de prédicateur (au début du 20ème siècle, Grand-Père Cunningham prêchait déjà le "réveil" dans le Sud-Ouest américain), il a épousé en 1963 Darlène Scratch, elle même issue... d'une famille de pasteurs et missionnaires des assemblées de Dieu. En 1960, sans renier les valeurs de cette tradition familiale - un pentecôtisme classique, plutôt conservateur et majoritairement blanc - L. Cunningham cherche à renouveler les méthodes missionnaires et les modes d'expression du credo pentecôtiste pour séduire les nouvelles générations d'après-guerre.

    2. Floyd McClung, des Hippies au "Red District" d'Amsterdam

    McCLung2.jpgFils d'un pasteur de Long Beach, en Californie, Floyd McClung découvre en 1967 le mouvement hippie à San Francisco (voir note précédente) et ressent alors un "appel" pour ces "âmes perdues", qu'il suit jusqu'en Afghanistan. Son programme missionnaire, baptisé Dilaram, essaime ensuite en Asie et en Afrique du nord (Maroc). Mais en 1973, F. McClung s'installe à Amsterdam, où il poursuit son action missionnaire auprès des Hippies puis dans le quartier de la prostitution, le Red District. Il tire de cette expérience la conviction, également présente dans le mouvement des "marches pour Jésus" et la théologie du "combat spirituel", qu'une des priorités stratégiques doit être d'engager la "libération spirituelle" des territoires urbains, dominés par de "mauvais esprits".

    3. Lynn Green et les Marches pour Jésus: à la "reconquête" des villes

    Lynn Green 1976.jpgLynn Green est aujourd'hui "International Chairman" de YWAM, ce qui peut se traduire par "président du conseil de direction international": la "Team 3" où siègent également John Dawson (président international, voir plus bas) et Ian Muir, directeur international.

    En 1982, il est responsable de YWAM à Londres lorsque le réseau missionnaire organise une première marche dans le quartier de Earls Court, à l'ouest de la capitale britannique. Une seconde marche a lieu quatre ans plus tard à Soho, cette fois à l'initiative du réseau d'églises Ichtus Christian Fellowship. Ces marches expriment la volonté des milieux évangéliques et charismatiques de s'opposer publiquement à la libéralisation des moeurs et à ce qu'ils perçoivent comme une "déchristianisation" des sociétés occidentales. Ils veulent "reconquérir" les villes - puisque c'est là que le changement des moeurs semble le plus affirmé. En 1987, YWAM Londres, le réseau Ichtus, le réseau Pioneer et le chanteur évangélique Graham Kendrick organisent une "marche pour la ville" qui rassemble 15000 personnes. L'année suivante, la manifestation prend le nom de "Marche pour Jésus". Elle s'étend à d'autres villes britanniques, puis en Europe et dans toutes les régions du monde: le mouvement Global March for Jesus est devenu international. (Ci-dessous, "marche pour Jésus" à Hawaii, en 1998).

    march Jesus Kona.jpg

    4. George Otis Jr, hérault du "combat spirituel"

    Otis Jr.jpgGeorge Otis Jr (ci-contre en 1976), dont j'avais déjà parlé dans une note de mars 2008, dirige la société Sentinel Group, qui s'est spécialisée dans la diffusion de reportages vidéo illustrant l'efficacité supposée des combats de "libération spirituelle" de différentes villes sur tous les continents, notamment à travers la série Transformations. Aux côtés de John Dawson et de Peter C. Wagner - principal théoricien de cette théologie charismatique "troisième vague" -, il a beaucoup contribué à la diffusion du "Spiritual Warfare" (combat spirituel) et du "Spiritual Mapping" (cartographie spirituelle), dont YWAM est un des relais dans les milieux évangéliques.

    5. Don Stephens et les Mercy Ships

    Stephens 70s.jpgOfficiellement, la flotille de bateaux humanitaires et missionnaires des Mercy Ships est une organisation indépendante de YWAM depuis 2003. Dans les faits, ce sont bien les YWAMers qui forment l'essentiel des équipages, dans le cadre de voyages d'initiation à l'action missionnaire ou après une formation médicale plus poussée sur l'un des campus de l'université de YWAM (Université des nations). L'organisation Mercy Ships compte aujourd'hui trois navires, dont l'imposant Africa Mercy (152 mètres de long).

    Don Stephens est à l'origine de ce projet, élaboré au cours des années 1970. En 1973, YWAM croyait avoir trouvé son premier bateau: le Maori (ci-dessous), un ancien  bateau de liaison entre les îles néo-zélandaises qui a mobilisé toutes les énergies pendant près d'un an, en vain. Le projet ne s'est finalement concrétisé qu'en 1978 avec l'achat de l'Anastasis, qui pour son premier voyage en 1983 a mis le cap sur la Nouvelle-Zélande.

    maori ship.jpg

    6. Daniel Schaerer et Jeunesse en Mission France

    Schaerer 1974.jpgFils d'un pasteur de l'église réformée, Daniel Schaerer (photographié ci-contre en 1974) rejoint Jeunesse en Mission en 1972 à Lausanne. Six ans plus tard, il emmène une petite troupe d'une trentaine de jeunes francophones en terres protestantes françaises et contribue à l'implantation durable de JEM dans un pays qui paraissait jusque-là particulièrement hostile à ce genre de visée missionnaire. Il devient le premier directeur national de JEM France. Sa filiation avec le protestantisme historique a grandement facilité l'intégration de JEM, qui installe son premier centre à l'est de Paris au Gault-la-forêt, dans un ancien orphelinat protestant, et adhère rapidement à la fédération protestante de France. A partir de 1978, c'est autour de l'église réformée de Belleville que Jeunesse en Mission développe ses activités en France.

    7. Linda Panci-Mc Gowen: des chants made in YWAM

    panci.jpg

    Désolé, je n'ai pas trouvé de meilleure photo de Linda Panci, qui apparemment ne figure pas dans les archives mises en ligne par YWAM. Un oubli surprenant, quand on pense non pas aux talents d'archivistes des YWAMers (très limités!) mais plutôt au rôle déterminant qu'elle a joué dans la diffusion du style YWAM dans l'ensemble du protestantisme, au moins francophone. Originaire du Midwest américain, elle s'est installée au centre Jeunesse en Mission de Lausanne au début des années 1970. En 1974, elle édite les premiers recueils de chants signés JEM, "J'aime l'Eternel": des chants simples et très rythmés, pour guitares, synthés et batteries. Un style qui a rapidement séduit de nombreuses églises protestantes soucieuses de "faire jeune". Une "révolution musicale" selon le pasteur belge Paul Vandenbroeck qui regrettait aussi, dans un texte publié en janvier 2006 sur le site www.protestanet.be, "beaucoup de rengaines répétitives (qui) voisinent avec des textes parfois pauvres, souffrant d'approximations de traduction et ne se préoccupant pas beaucoup des règles de la prosodie". Ci-dessous, une photo des années 1970, intitulée "YWAM singing group", sans autre précision.

    YWAM singing group.jpg

    8. John Dawson, président international de YWAM

    John Dawson 1986.jpgJohn Dawson est un personnage emblématique de l'histoire et des transformations récentes de YWAM. Son père est un homme d'affaires néo-zélandais, sa mère Joy a très tôt enseigné dans les sessions de formation de YWAM et ils ont été parmi les premiers à accueillir L. Cunningham en Nouvelle-Zélande, en 1967. John Dawson n'a pas grandi en Nouvelle-Zélande, mais à Los Angeles où ses parents ont émigré lorsqu'il était adolescent. Son accession à la présidence international du réseau, où il a succédé en 2003 à un autre Néo-zélandais, Franck Naea, rappelle néanmoins l'influence importante qu'a eu ce petit pays dans l'histoire de YWAM.

    C'est aussi la Nouvelle-Zélande qui lui a inspiré au début des années 1990 un rapprochement entre la théologie du combat spirituel (dont il est l'un des promoteurs, notamment avec un livre publié en 1989, Taking Our Cities for God) et les peuples autochtones, considérés comme des acteurs-clés de l'action missionnaire, en tant que "gardiens spirituels" des territoires à "conquérir". Enfin, il a fondé en 1990 l'International Reconciliation Coalition, qui promeut une "réconciliation" aux contours souvent ambigus, entre bonne volonté et activisme missionnaire: une réconciliation ancrée dans cette même théologie du combat spirituel où le rapport au territoire et aux "racines du passé" qui y sont enfouies invite à "dénouer les liens" empêchant les camps en conflit de se réconcilier, mais surtout de se convertir au christianisme, version évangélique.

  • Jeunesse en Mission : retour en images sur 50 ans de militantisme évangélique (1)

    historical_outreach.jpgCette première note inaugure notre "série de l'été": une plongée dans les albums photos de l'organisation évangélique Jeunesse en Mission (JEM, Youth With a Mission ou YWAM en anglais), dans le prolongement de mon dernier livre, L'offensive évangélique. Voyage au coeur des réseaux militants de Jeunesse en Mission (voir note précédente).

    Il est assez rare que ce type d'organisation, entièrement tournée vers l'action et peu encline à la nostalgie - ou même à l'archivage - prenne le temps de revenir sur son passé. Pour  marquer la célébration de ses 50 ans (elle a été fondée en 1960 par Loren Cunningham), YWAM a néanmoins mis en ligne sur un site dédié une série de trois diaporamas (pour les voir cliquer ici) tirées d'archives photographiques conservées pour la plupart sur le site de partage smugmug.com. C'est l'occasion de revenir en images sur les premières années d'un des plus grands réseaux missionnaires actuels, qui s'est notamment implanté dans le Pacifique dès les années 1970 (1967 en Nouvelle-Zélande).

    A. YWAM et les hippies

    van volkswagen.jpgOn retrouve dans les récits des premiers missionnaires de YWAM (les "YWAMers") les mêmes histoires de voyage en vans Volkswagen rafistolés, poussés sur les routes de l'Asie que suivaient à la même époque les Hippies. Pour les jeunes évangéliques des années 1960-70, YWAM marque en effet une rupture générationnelle avec les contraintes des églises "à la papa", une envie de prendre l'air sans être soumis à l'autorité des pasteurs et en échappant aux normes de la société consummériste.

    Mais la photo ci-dessous, prise dans les années 1960 au carrefour de Haigth et Ashbury Streets - l'épicentre du mouvement hippie à San Francisco - souligne aussi le profond décalage entre jeunes hyppies et  jeunes évangéliques de YWAM, qui entendent surtout sauver leur génération de la "perdition morale".

    YWAM vs hippies 60s.jpg

    C'est pour combler ce décalage qu'un des futurs leaders de YWAM, Floyd McClung, se lance en 1970 dans un périple en Land Rover sur le Hippie Trail, la route qui mène vers l'Orient. Les premiers pas sont difficiles, mais YWAM en tirera un principe essentiel, décliné sur tous les registres de la culture jeune McClung 1976.jpgcontemporaine: ce que F. McClung (ci-contre, en 1976) a appelé le "principe spirituel d'identification" et qui consiste à adopter une partie du style de vie et des codes culturels des groupes visés par l'action missionnaire, non pour les éradiquer mais pour les "convertir" en une nouvelle culture, incluant un credo évangélique conservateur. Autrement dit, une libération radicale des modes d'expression et une ouverture aux cultures contemporaines mises au service d'un retour aux "valeurs morales chrétiennes". En 1973 F. McClung s'installe à Amsterdam, autre lieu de rassemblement du mouvement hippie, sur une péniche baptisée "L'arche".

    YWAM Amsterdam-péniche.jpg

    Dans cette stratégie d'adaptation culturelle, la musique a joué un rôle déterminant, surtout avec l'élaboration à partir de 1974 (premier recueil "J'aime l'éternel" édité par Linda Mc Gowen à Jeunesse en Mission Lausanne) d'un nouveau style de chants, rapidement adopté par les églises protestantes qui s'efforçaient de trouver un ton plus "jeune" pour séduire les nouvelles générations.

    musique 78.jpg

    B. Premières campagnes missionnaires

    La première campagne de YWAM - un "service d'été" - emmène 146 jeunes volontaires aux îles Bahamas en 1964. Il n'y a à l'époque aucune formation préalable (la première école d'évangélisation est lancée en 1969).

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    L'action missionnaire s'appuie essentiellement sur les relations personnelles que les jeunes YWAMers établissent avec les populations des pays visités, au détour des rues ou à l'occasion de spectacles/prédications qui s'efforçent d'attirer l'attention des passants. Des rencontres et des réunions de prière (en particulier autour de la guérison) sont ensuite organisées au domicile des personnes qui se montrent intéressées.

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    Dès 1972, avec les Jeux olympiques de Munich, les grands événements sportifs fournissent un autre terrain à l'activisme de YWAM, qui peut ainsi toucher des populations originaires de pays où l'action missionnaire est interdite, notamment au-delà du rideau de fer. Ci-dessous, deux photos prises lors des Jeux olympiques de Montreal, en 1976.

    JO Montreal 1976.jpgJO MOntreal 1976 -2.jpg

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Au cours des années 1970, YWAM arpente ainsi tous les continents et implante des centres en Amérique latine, en Afrique, dans le Pacifique. Toutes les cultures et tous les domaines de la vie sociale sont concernés par cette entreprise missionnaire, y compris la politique comme le rappelle la dernière photo ci-dessous , dont la légende indique qu'elle a été prise à l'occasion d'une "réunion de prières pour les femmes, au Pentagone" (women's prayer meeting at the Pentagone).

    Afrique 1967.jpgporte-à-porte Japon ?.jpg

     

     

     

     

     

     

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    Prochain épisode: Les premiers pas de Youth With a Mission dans le Pacifique.

  • L'offensive évangélique : les réseaux militants de Jeunesse en Mission

    couv-offensive.jpgMon nouveau livre sort ces jours-ci en librairie: L'offensive évangélique. Voyage au coeur des réseaux militants de Jeunesse en Mission. Le voyage dont il est question nous emmène des États-Unis à la Chine continentale, en passant par les îles polynésiennes, la Nouvelle-Zélande et Paris.

    Jeunesse en Mission (Youth With a Mission ou YWAM en version anglaise) est une organisation missionnaire internationale de tendance évangélique charismatique, fondée au début des années 1960 en Californie par Loren Cunningham, qui était alors pasteur des assemblées de Dieu (une église pentecôtiste), responsable des activités de jeunesse dans le district de Los Angeles. Aujourd'hui présente sur tous les continents, elle s'est rapidement implantée dans le Pacifique, d'abord en Nouvelle-Zélande puis à ywam.jpegHawaii (ou elle a ouvert en 1978 à Kona - Big Island - le premier campus de son université, connue aujourd'hui sous le nom de l'Université des nations) et enfin dans la plupart des îles océaniennes. Son développement en France , à partir des années 1970, a été plus laborieux, même si Jeunesse en Mission a trouvé à l'église réformée de Belleville (elle aussi de tendance évangélique charismatique) une base à partir de laquelle il était possible de tisser des réseaux. Quant à la Chine, c'est désormais la "nouvelle frontière" des réseaux missionnaires évangéliques et une des priorités stratégiques de YWAM.

    Il y a à mon avis au moins quatre bonnes raisons de s'intéresser à Jeunesse en Mission.

    1 La première, c'est que YWAM a été depuis les années 1970 l'un des fers de lance d'une nouvelle offensive évangélique, qui est née d'une double réaction: d'une part, l'allergie des générations d'après-guerre vis-à-vis des contraintes IMG_1468.JPGtraditionnelles de la vie d'église et d'autre part, un refus assez radical des nouvelles valeurs issues de la libéralisation des moeurs. Autrement dit, une sorte de credo libertaire (non à l'autorité institutionnelle) et conservateur (non à la déchristianisation des sociétés occidentales). Où et comment se recrutent les militants évangéliques qui participent aujourd'hui à cette offensive? Quelles sont leurs méthodes d'action? Le livre explore cette première série de questions en précisant notamment les origines de YWAM, ses relations avec la contre-culture des années 1960, puis son système de formation et le mode de fonctionnement de ce type de réseau évangélique, illustration exemplaire de la mondialisation religieuse. Il décrit aussi la diversité des terrains sur lesquels se déploie l'activisme missionnaire de YWAM, depuis la "psychologie chrétienne" jusqu'aux surfeurs, en passant par l'aide humanitaire.

    2 La seconde raison de s'intéresser à YWAM est son influence au sein du protestantisme actuel. YWAM a en effet directement contribué à plusieurs évolutions importantes. Il y a eu d'abord les chants, avec la diffusion des recueils "J'aime l'Eternel", qui ont encouragé l'arrivée des guitares électriques et des batteries dans de nombreuses églises protestantes et ont souvent été la principale référence des églises soucieuses de IMG_1449.JPG"faire jeune" jusqu'à la concurrence récente des chants édités par la méga-église australienne Hill Song. Surtout, il y a le lancement dans les années 1980 à Londres du mouvement des Marches pour Jésus, qui au-delà de sa dimension festive marque une volonté de "reprendre autorité sur la ville", en occupant symboliquement l'espace public au nom de Dieu. Cette manifestation, organisée dans plus d'une centaine de pays chaque année, puise son inspiration dans une théologie couv-dawson.jpgdu combat spirituel, dont j'ai déjà eu l'occasion de parler sur ce blog et lors d'un entretien sur la RSR (à écouter ici). Elaborées par des théologiens nord-américains soucieux de "reconquérir" les territoires urbains, la rhétorique du combat spirituel et les pratiques de Spiritual Mapping (cartographie spirituelle) qui y sont liées incitent à rechercher les "esprits tutélaires" des lieux pour engager une guerre de libération spirituelle des territoires. YWAM a activement contribué à leur diffusion, par ses enseignements et par les publications de responsables de premier plan comme Floyd McClung ou John Dawson (actuel président international de YWAM).

    3 Le troisième point digne d'intérêt, ce sont les prolongements politiques du credo charismatique de YWAM. La politique fait en effet partie de ses champs d'action missionnaire et des "YWAMers" ont même été élus au Parlement néo-zélandais, comme le raconte un des chapitres du livre, consacré à la Nouvelle-Zélande.kiwi party.jpg J'avais évoqué le Kiwi Party, le parti politique fondé par ces deux anciens responsables nationaux de YWAM (respectivement aux Philippines et en Nouvelle-Zélande), Larry Baldock et Bernie Ogilvy, dans une note de novembre 2008, à l'occasion des élections législatives néo-zélandaises. La conclusion du livre revient en outre sur le profil religieux de Sarah Palin (voir aussi sur Rue89 et Le Monde), qui reprend en la radicalisant la même posture libertaire/conservatrice (droite chrétienne libertarienne), et entretient avec les étiquettes confessionnelles et les églises les mêmes relations que beaucoup de YWAMers de sa génération.

    4 Enfin, le quatrième thème qui me paraît important, est la manière dont YWAM, au travers du mouvement Island Breeze (fondé en 1979 par le Samoan Sosene Le'au), met en scène les cultures autochtones comme mode d'expression de la foi chrétienne Pacific_23.jpget moyen d'évangélisation. En reprenant notamment les danses océaniennes, bannies des temples par les premiers missionnaires et jusqu'à aujourd'hui, par la plupart des églises protestantes des îles du Pacifique, Island Breeze a séduit beaucoup de jeunes, dans les îles et en Nouvelle-Zélande, parmi les Pacific Peoples issus des migrations polynésiennes ou chez les Maori (peuple autochtone de Nouvelle-Zélande). J'avais déjà abordé cette question dans une communication lors d'un colloque organisé en mai 2009 par l'Université de la Réunion (à lire ici). Un chapitre du livre revient donc sur l'histoire de ce mouvement, entre folklore évangélique et "réveil culturel".

    Pour consulter la table des matières de ce livre, cliquez ici. Pour un aperçu plus complet du livre, sur Google Books, cliquez ici.