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culture

  • A propos de "Pain ou coco" : entretien au festival "Bobines du sacré"

    polynésie,moorea,christianisme,film documentaire,anthropologie,église protestante maohi,pacifique,océanie,protestantisme,culture,papetoaiLe film documentaire que Gwendoline Malogne-Fer et moi avons réalisé en 2010, "Pain ou coco, Moorea et les deux traditions", a été projeté en mai-juin dernier à Lyon dans le cadre du Festival "Les bobines du sacré" organisé par l’Institut supérieur d’étude des religions et de la laïcité (ISERL). Un entretien filmé d'une dizaine de minutes a été enregistré à cette occasion, où j'évoque nos recherches sur les protestantismes polynésiens, la question des relations entre christianisme et culture , et les enjeux méthodologiques d'une approche cinématographique du religieux. Le voici :

  • Pain ou coco en compétition au festival du film de chercheur... et au Quai Branly

    pain ou coco,festival du film de chercheur,cnrs,université de lorraine,nancy,quai branly,océanistes,religion,anthropologie,tahiti,moorea,polynésie,océanie,christianisme,protestantisme,culturePain ou coco, Moorea et les deux traditions, le documentaire que nous avons réalisé Gwendoline Malogne-Fer et moi (et dont j'ai déjà parlé ici et ), fera partie des films en compétition au prochain festival du film de chercheur. Ce festival, co-organisé par le CNRS et l'Université de Lorraine,  aura lieu à Nancy du 6 au 10 juin 2012, Pain ou coco y sera présenté le 6 juin à 17 heures.

    En attendant, les organisateurs ont eu la bonne idée de mettre en ligne un petit extrait du film :

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    Pain ou coco sera également projeté le 26 avril 2012 à 18 heures au musée du Quai Branly, dans le cadre du "Cinéma des Océanistes", projection suivie d'un débat avec les réalisateurs et l'anthropologue Monique Jeudy-Ballini.

  • L'offensive évangélique : les réseaux militants de Jeunesse en Mission

    couv-offensive.jpgMon nouveau livre sort ces jours-ci en librairie: L'offensive évangélique. Voyage au coeur des réseaux militants de Jeunesse en Mission. Le voyage dont il est question nous emmène des États-Unis à la Chine continentale, en passant par les îles polynésiennes, la Nouvelle-Zélande et Paris.

    Jeunesse en Mission (Youth With a Mission ou YWAM en version anglaise) est une organisation missionnaire internationale de tendance évangélique charismatique, fondée au début des années 1960 en Californie par Loren Cunningham, qui était alors pasteur des assemblées de Dieu (une église pentecôtiste), responsable des activités de jeunesse dans le district de Los Angeles. Aujourd'hui présente sur tous les continents, elle s'est rapidement implantée dans le Pacifique, d'abord en Nouvelle-Zélande puis à ywam.jpegHawaii (ou elle a ouvert en 1978 à Kona - Big Island - le premier campus de son université, connue aujourd'hui sous le nom de l'Université des nations) et enfin dans la plupart des îles océaniennes. Son développement en France , à partir des années 1970, a été plus laborieux, même si Jeunesse en Mission a trouvé à l'église réformée de Belleville (elle aussi de tendance évangélique charismatique) une base à partir de laquelle il était possible de tisser des réseaux. Quant à la Chine, c'est désormais la "nouvelle frontière" des réseaux missionnaires évangéliques et une des priorités stratégiques de YWAM.

    Il y a à mon avis au moins quatre bonnes raisons de s'intéresser à Jeunesse en Mission.

    1 La première, c'est que YWAM a été depuis les années 1970 l'un des fers de lance d'une nouvelle offensive évangélique, qui est née d'une double réaction: d'une part, l'allergie des générations d'après-guerre vis-à-vis des contraintes IMG_1468.JPGtraditionnelles de la vie d'église et d'autre part, un refus assez radical des nouvelles valeurs issues de la libéralisation des moeurs. Autrement dit, une sorte de credo libertaire (non à l'autorité institutionnelle) et conservateur (non à la déchristianisation des sociétés occidentales). Où et comment se recrutent les militants évangéliques qui participent aujourd'hui à cette offensive? Quelles sont leurs méthodes d'action? Le livre explore cette première série de questions en précisant notamment les origines de YWAM, ses relations avec la contre-culture des années 1960, puis son système de formation et le mode de fonctionnement de ce type de réseau évangélique, illustration exemplaire de la mondialisation religieuse. Il décrit aussi la diversité des terrains sur lesquels se déploie l'activisme missionnaire de YWAM, depuis la "psychologie chrétienne" jusqu'aux surfeurs, en passant par l'aide humanitaire.

    2 La seconde raison de s'intéresser à YWAM est son influence au sein du protestantisme actuel. YWAM a en effet directement contribué à plusieurs évolutions importantes. Il y a eu d'abord les chants, avec la diffusion des recueils "J'aime l'Eternel", qui ont encouragé l'arrivée des guitares électriques et des batteries dans de nombreuses églises protestantes et ont souvent été la principale référence des églises soucieuses de IMG_1449.JPG"faire jeune" jusqu'à la concurrence récente des chants édités par la méga-église australienne Hill Song. Surtout, il y a le lancement dans les années 1980 à Londres du mouvement des Marches pour Jésus, qui au-delà de sa dimension festive marque une volonté de "reprendre autorité sur la ville", en occupant symboliquement l'espace public au nom de Dieu. Cette manifestation, organisée dans plus d'une centaine de pays chaque année, puise son inspiration dans une théologie couv-dawson.jpgdu combat spirituel, dont j'ai déjà eu l'occasion de parler sur ce blog et lors d'un entretien sur la RSR (à écouter ici). Elaborées par des théologiens nord-américains soucieux de "reconquérir" les territoires urbains, la rhétorique du combat spirituel et les pratiques de Spiritual Mapping (cartographie spirituelle) qui y sont liées incitent à rechercher les "esprits tutélaires" des lieux pour engager une guerre de libération spirituelle des territoires. YWAM a activement contribué à leur diffusion, par ses enseignements et par les publications de responsables de premier plan comme Floyd McClung ou John Dawson (actuel président international de YWAM).

    3 Le troisième point digne d'intérêt, ce sont les prolongements politiques du credo charismatique de YWAM. La politique fait en effet partie de ses champs d'action missionnaire et des "YWAMers" ont même été élus au Parlement néo-zélandais, comme le raconte un des chapitres du livre, consacré à la Nouvelle-Zélande.kiwi party.jpg J'avais évoqué le Kiwi Party, le parti politique fondé par ces deux anciens responsables nationaux de YWAM (respectivement aux Philippines et en Nouvelle-Zélande), Larry Baldock et Bernie Ogilvy, dans une note de novembre 2008, à l'occasion des élections législatives néo-zélandaises. La conclusion du livre revient en outre sur le profil religieux de Sarah Palin (voir aussi sur Rue89 et Le Monde), qui reprend en la radicalisant la même posture libertaire/conservatrice (droite chrétienne libertarienne), et entretient avec les étiquettes confessionnelles et les églises les mêmes relations que beaucoup de YWAMers de sa génération.

    4 Enfin, le quatrième thème qui me paraît important, est la manière dont YWAM, au travers du mouvement Island Breeze (fondé en 1979 par le Samoan Sosene Le'au), met en scène les cultures autochtones comme mode d'expression de la foi chrétienne Pacific_23.jpget moyen d'évangélisation. En reprenant notamment les danses océaniennes, bannies des temples par les premiers missionnaires et jusqu'à aujourd'hui, par la plupart des églises protestantes des îles du Pacifique, Island Breeze a séduit beaucoup de jeunes, dans les îles et en Nouvelle-Zélande, parmi les Pacific Peoples issus des migrations polynésiennes ou chez les Maori (peuple autochtone de Nouvelle-Zélande). J'avais déjà abordé cette question dans une communication lors d'un colloque organisé en mai 2009 par l'Université de la Réunion (à lire ici). Un chapitre du livre revient donc sur l'histoire de ce mouvement, entre folklore évangélique et "réveil culturel".

    Pour consulter la table des matières de ce livre, cliquez ici. Pour un aperçu plus complet du livre, sur Google Books, cliquez ici.