Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : jeunesse en mission

  • Belleville, l'émotion religieuse et la sociologie de P. Bourdieu: 3 publications

    belleville 2008.jpg L'année 2010 se termine sur trois publications.

    Jeunesse en Mission à Belleville. La première est parue dans un livre collectif dirigé par Lucine Endelstein, Sébastien Fath et Séverine Mathieu, Dieu change en ville. Religion, espace,  immigration (voir le sommaire complet sur le site du réseau "sociologie & religions"). Elle porte sur l'église réformée de Belleville (photo ci-contre), qui est devenue au cours des années 1980 une sorte de quartier général de l'organisation évangélique Jeunesse en Mission (YWAM), "une église parisienne aux couleurs de YWAM" pour reprendre le titre du chapitre qui lui est consacré dans mon dernier livre. Dans le cadre d'une réflexion sur le rapport des courants évangéliques charismatiques au territoire urbain, elle reprend en partie des éléments évoqués dans un précédent article, déjà mentionné ici, sur "pentecôtisme et modernité urbaine". Voici les premières lignes de l'article, qui en donnent un bon aperçu:

    "Au premier abord, l’église réformée de Belleville se présente comme une église locale dans un quartier multiculturel. En fait, son histoire récente, marquée par l’influence conjointe d’un pasteur anglican charismatique et de l’organisation évangélique Jeunesse en Mission (JEM), permet surtout d’analyser la manière dont les pratiques et l’imaginaire du protestantisme charismatique peuvent articuler réseaux globalisés et ancrage local, déterritorialisation des appartenances et réinvestissement symbolique de l’espace urbain."

     

    dico-religieux.jpg

    Emotions en religion. La seconde publication fait partie d'un projet collectif de longue haleine, le dictionnaire des faits religieux dirigé par Régine Azria et Danièle Hervieu-Léger et évoque un thème déjà mentionné ici: les émotions en religion. J'y ai en effet écrit l'article "émotion", qui traite de la manière dont les sciences sociales ont abordé ces émotions religieuses: ma petite contribution à cet énorme travail - 1360 pages - que ses auteurs définissent ainsi:

    Ce dictionnaire propose la première approche collective libre de toute emprise confessionnelle sur les faits religieux. Son objet, prétendu « indéfinissable », s’y trouve traité au cœur même de sa complexité à travers la pluridisciplinarité de ses contributeurs dialoguant par dessus les frontières disciplinaires et culturelles : sociologues, anthropologues, historiens, philosophes, politologues conversent autant sur l’enracinement ou l’exportation des religions que sur des sujets que tout un chacun se pose (secte, intégrisme…), afin d’aider le lecteur à se configurer sa définition des faits religieux.

     

    NJRS.jpgBourdieu et le pentecôtisme. Enfin, la troisième publication, davantage destinée à un public de spécialistes, est parue dans un récent numéro du Nordic Journal of Religion and Society (sommaire ici). Elle présente une synthèse théorique de mes recherches sur la socialisation et l'institution pentecôtistes, en montrant comment les outils de la sociologie de Pierre Bourdieu pourraient être utilement utilisés pour analyser les relations entre individu, institution et communauté dans ce type d'église. En voici un résumé:

    The Holy Spirit and the Pentecostal habitus: Elements for a sociology of institution in classical Pentecostalism
    Classical Pentecostalism is placed in line with contemporary reshaping of institutional authority as it provides a subjective individualisation of religious experience («a personal relationship with God») while maintaining a close control of converts’ lives. This article draws from fieldwork conducted within the French Polynesian Assemblies of God since 2000. The aim here is to show how the theoretical tools of Bourdieu’s sociology can prove helpful in analysing this paradoxical institution that is both an «anti-structure» and a structuring authority which grants the biographical invention of conversion the status of a well-grounded illusion. It first analyses the structure in the Pentecostal field of minister’s positions, then the distribution of lay «ministries» and the institutional apparatus of socialisation and training that give shape to a Pentecostal habitus. The «voice of the Holy Spirit» finally appears as the symbolical core of this specific habitus which lies on an «invisible» mediation between institutional apparatus of control and internalised dispositions.

     

    * Bonus (ajout du 7 janvier 2010). Je viens de mettre en ligne sur le serveur HAL-SHS le texte d'une communication faite au congrès de l'association française de sociologie en avril 2009, sur le thème "Le système pentecôtiste de gestion de l'argent, entre illusion subjective et rationalité institutionnelle". Pour le lire, cliquez ici.

    Bonnes lectures !

  • Un peu de lecture: Hors série Sciences Humaines ”histoire des religions”

    SH-religions.jpg

    La revue Sciences Humaines publie ces jours-ci un hors série qui explore l'histoire des religions au travers d'une trentaine de dates repères, depuis -40 000 (et les "premières traces d'activités religieuses", par l'archéologue Paul G. Bahn) jusqu'en 2008... en passant par la naissance du judaïsme, Confucius, les Gaulois, Bouddha, Clovis, le concile de Trente, la séparation de l'église et de l'Etat en 1905, le dalaï-lama ou encore les Beattles s'essayant en 1968 à la méditation transcendentale (article signé par une des "Friends on the blog", la sociologue Véronique Atlglas) !

    En ce qui me concerne, j'y publie un texte sur le pentecôtisme (et en encadré, Jeunesse en Mission), associé à la date symbolique de 1901. Cette année-là, dans une des écoles bibliques nées dans le sillage du "Holiness Movement", aux Etats-Unis, une jeune fille faisait en effet l'expérience du "parler en langues" ou "baptême du Saint-Esprit", qui devait devenir la marque distinctive du pentecôtisme et, plus largement, du christianisme charismatique contemporain.

    SH-pentecotisme+JEM.jpg

    honq xiuquan.jpgA noter également dans ce numéro, pour ceux qui s'intéressent au christianisme des Hakkas (j'en parlais sur ce blog en 2006), un article de mon collègue Vincent Goossaert, spécialiste de l'histoire des religions en Chine. Il y évoque le parcours de Honq Xiuquan (ci-contre), leader hakka de la révolte des Taipings (1851-1864), qui prêchait "une théologie hautement composite" et se voyait en "petit frère du Christ, revenu sur Terre pour y établir le royaume de Dieu et anéantir le royaume 'impie' des Qing", qui règnait alors sur la Chine.

    Le sommaire complet et quelques articles en version intégrale sont disponibles sur le site Internet de Sciences Humaines, en cliquant ici. Bonne lecture !

  • Organisations missionnaires évangéliques en Océanie

    Depuis les années 1960, la progression du protestantisme évangélique a emprunté, en Océanie comme ailleurs, trois voies différentes :


    medium_eton_congregation-436x322.2.jpg - L’apparition et le développement de nouvelles églises. Celles-ci se rattachent à des dénominations d’envergure internationale, d’origine américaine ou régionale (Nouvelle-Zélande, Australie) ou sont des créations locales indépendantes. Parmi les églises pentecôtistes des îles Salomon, par exemple, le Christian Outreach Centre, la Christian Revival Crusade, les Assemblées de Dieu ont des connections avec les organisations similaires en Australie ou aux Etats-Unis, qui leur envoient des prédicateurs, évangélistes, aident à la formation pastorale et apportent un soutien financier. Les doctrines prêchées dans ces églises suivent donc celles des organisations parentes. La plupart de ces églises sont regroupées au sein de la Solomon Islands Full Gospel Association. Et puis il y a les églises dites "indigènes", qui sont d’inspiration pentecôtiste, ont des caractéristiques charismatiques (parler en langues et guérison notamment) et sont d'origine locale, sans rattachement à des dénominations internationales ou étrangères : la Christian Fellowship Association, par exemple.


    - Mais le protestantisme évangélique n’a pas toujours besoin de nouvelles églises pour progresser. Beaucoup d’églises protestantes océaniennes, qui sont d’ailleurs dans leur grande majorité issues de missions liées à des réveils évangéliques du 18ème siècle (London Missionary Society, Wesleyan Methodist Mission Society) ont connu au cours des dernières décennies une progression en leur sein de tendances évangéliques, voire pentecôtistes. Ainsi, les paroisses protestantes des îles Cook (Cook Island Christian Church) comptent aujourd’hui une proportion considérable de "born again Christians" - parmi les paroissiens comme parmi les pasteurs, au point que le synode de l’église a dû inscrire à son ordre du jour la question du baptême par immersion.


    - Enfin, la troisième voie par laquelle le protestantisme évangélique se diffuse en Océanie, ce sont les organisations que l’on appelle "non-dénominationnelles" ou encore "trans-dénominationnelles", parce qu’elles sont indépendantes des églises. En voici une liste non exhaustive, établie à partir de mes recherches, des données recueillies par Manfred Ernst en 1994 (Winds of Change) et dans le cadre du livre collectif qu’il a dirigé plus récemment (Globalization and the Re-shaping of Christianity in Oceania, 2006).

     

    medium_gideons.jpegLes Gédéons sont sans doute la plus ancienne des organisations évangéliques aujourd’hui actives dans le Pacifique. Fondée en 1899, The Gideons International est une association d’hommes d’affaires et de cadres d’origine américaine. Elle compte actuellement, selon ses propres estimations, plus de 250 000 membres et est présente dans plus de 180 pays. Sa principale activité consiste à distribuer gratuitement des bibles et le Nouveau Testament, notamment dans les hôtels. 63 millions de livres distribués chaque année : si vous avez trouvé un jour une bible dans le tiroir de la table de nuit de votre chambre d’hôtel, c’est sans doute aux Gédéons que vous le devez ! En Polynésie française, l’association des Gédéons a été créée en 1987 par plusieurs membres des assemblées de Dieu.


    medium_youth.jpegYouth for Christ (YFC) a été fondée en 1944 aux Etats-Unis, à l'origine pour coordonner les efforts de jeunes organisateurs de rallies évangéliques au Canada, aux États-Unis et au Royaume Uni. Elle compte aujourd’hui 4500 équipiers et 26000 bénévoles, engagés dans des actions missionnaires dans plus de 100 pays. La création de cette organisation qui souhaitait impliquer les jeunes Américains dans un combat spirituel marqué à l’origine par la Guerre Froide a ouvert la voie à beaucoup d’autres: Billy Graham a été un des premiers équipiers de Youth for Christ, avant qu’il ne fonde en 1957 sa propre organisation (la Billy Graham Evangelistic Association). YFC a également soutenu la création de World Vision. En Océanie, YFC a des bureaux permanents en Australie, en Nouvelle-Zélande, à Fidji et aux Samoa.

     

    medium_worldvision.jpegWorld Vision a été fondée en 1950 par Bob Pierce, alors missionnaire américain en Asie. Il s’agit d’une ONG évangélique de lutte contre la pauvreté et d’aide à l’enfance déshéritée. En Papouasie Nouvelle-Guinée, World Vision se consacre principalement aux soins élémentaires, l’eau, l’hygiène, le développement de micro-entreprises et de l’agriculture, l’alphabétisation. Elle intervient dans toute la région en apportant une aide humanitaire en cas de catastrophes naturelles. Elle est aussi active à Tonga, à Fidji et aux îles Salomon.

     

    medium_ywam.jpegJeunesse en Mission (Youth With a Mission, YWAM), fondée en 1960 par un pasteur de jeunesse des assemblées de Dieu californiennes, Loren Cunningham, compte 16000 équipiers à plein temps dans 173 pays. En 1967, une première campagne d’évangélisation en Nouvelle-Zélande lui a permis de s’implanter en Océanie, en recrutant des missionnaires parmi les Pakeha (Néo-zélandais d’origine européenne) des églises protestantes et parmi les communautés polynésiennes, notamment dans le quartier de Ponsonby à Auckland. Ces derniers ont contribué au cours des décennies suivantes au développement de YWAM dans l’ensemble des îles du Pacifique. Deux éléments ont en outre favorisé ce développement :
    - L’ouverture en 1978 d’une université (Pacific and Asia Christian University, rebaptisée en 1988 Université des nations après qu’elle ait ouvert d’autres campus dans le monde) sur l’île de Kona (Big Island, Hawaii).
    - Le ministère Island Breeze, fondé en 1979 par le Samoan Sosene Le’au, qui vise à réhabiliter des traits culturels polynésiens tels que les danses comme expression légitime de la foi chrétienne et moyen d’évangélisation.
    Outre ses programmes d’activités tournées vers la jeunesse, YWAM est aussi présente dans le Pacifique par le biais de l’action humanitaire, avec des bateaux d’assistance (Mercy Ships et Marine Reach).

     

    medium_campus.jpegCampus Crusade for Christ est née en 1951 sur le campus de l’University of California à Los Angeles (UCLA), sous l’impulsion de Bill et Vonette Bright. C’est aujourd’hui l’une des quatre plus grandes associations missionnaires américaines, présente dans près de deux cents pays. Elle a notamment produit et diffusé le film Jesus, traduit dans plus de 130 langues et diffusé dans plusieurs îles du Pacifique. Outre la Nouvelle-Zélande et l’Australie, elle a des bureaux permanents en Papouasie Nouvelle-Guinée, au Vanuatu, à Fidji, à Tonga et aux îles Salomon.

     

    medium_logoa.gifWycliffe Bible Translators International. Sachant que l’Océanie compte pour un tiers des 6000 à 6500 langues parlées dans le monde, il n’y a rien d’étonnant à ce que l’association Wycliffe y ait déployé son activité, qui porte essentiellement sur la traduction de la Bible en langues locales. Cette organisation a été fondée en 1930 et a pris le nom de John Wycliffe, premier traducteur de la Bible en anglais. En 1992, M. Ernst notait des activités en Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, au Vanuatu, aux îles Salomon, en Papouasie Nouvelle-Guinée et en Micronésie.

     

    Émergence de réseaux régionaux : l’assemblée de prière du Pacifique
    Nées en 1991, avec une première réunion aux îles Salomon, les assemblées de prière sont un mouvement régional qui regroupe chaque année des délégations du Pacifique et des églises chrétiennes du pays d’accueil afin de prier « pour les nations », dans un combat spirituel en faveur de la paix, de la réconciliation et pour une gouvernance inspirée par les principes chrétiens. Ses animateurs sont issus aussi bien des courants évangéliques des églises protestantes historiques que des églises évangéliques et pentecôtistes, des îles du Pacifique et des communautés polynésiennes de Nouvelle-Zélande. En 1998, la 8ème assemblée s’est déroulée à Tonga, en présence du roi et des représentants des églises pentecôtistes, mais aussi catholiques, anglicanes et adventistes. En 2003, les participants à la 13ème assemblée ont été accueillis au Parlement du Vanuatu. En 2004, la 14ème assemblée a eu lieu à Tahiti et a été précédée d’une marche pour Jésus (le mouvement Global March for Jesus, qui  a été lancé en 1987 à Londres par plusieurs leaders évangéliques, dont le représentant local de YWAM, est aujourd’hui un mouvement mondial).

     

    Photo : mission au Vanuatu (www.bvbid.org/Vanuatu.htm).