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Actualités océaniennes - Page 2

  • Démocratie à Tonga (post-scriptum): Un gouvernement toujours dominé par la noblesse

    arms Tonga.jpgFin novembre, j'évoquais ici les récentes élections qui ont permis aux citoyens tongiens d'élire 17 de leur 26 représentants au Parlement, tandis que les 33 familles nobles de l'archipel polynésien conservaient 9 sièges. En remportant 13 de ces 17 sièges, le Friendly Islands Democratic Party, parti pro-démocratie conduit par Akilisi Pohiva, semblait assuré de diriger le nouveau gouvernement. Un événement qui devait logiquement parachever les réformes démocratiques lancées par le nouveau roi Tupou V, depuis son accession au trône en 2008.

    Mais l'événement n'a finalement pas eu lieu: les 9 élus nobles ont en effet fait obstacle à la nomination de A. Pohiva aux fonctions de premier ministre et le gouvernement formé fin décembre, Tu’ivakano.jpgdirigé par Lord Tu'ivakano (ci-contre), ne lui accordait qu'un poste de ministre de la santé. Le parti démocratique ne comptait que deux ministres sur onze.

    Après seulement deux semaines d'exercice, A. Pohiva vient de donner sa démission, en protestant à la fois contre cette trop faible représentation de son parti au gouvernement et contre le recrutement, dans le même temps, de deux ministres non élus au Parlement. Le franchissement de la dernière marche vers la démocratie s'avère plus difficile que prévu...

  • Elections à Tonga: la dernière marche vers un gouvernement démocratique

    palace royal tonga.jpgAvec les élections de jeudi dernier, 25 novembre 2010, les Tongiens ont  franchi une nouvelle étape dans le processus de démocratisation ouvert après la mort du roi Tupou IV (en septembre 2006) et l’accession au trône de son fils aîné George Tupou V, officiellement couronné en août 2008 (en photos ici).

    Pour la première fois, 17 des 26 membres du Parlement étaient élus par les citoyens tongiens, les 9 sièges restants étant conservés par les représentants de la noblesse tongienne, qui dominaient jusque-là l'assemblée. pohiva.jpg10 de ces 17 sièges étaient à pourvoir sur l'île principale de Tongatapu, qui concentre 70% de la population et constitue le bastion électoral du Friendly Islands Democratic Party, le parti pro-démocratie conduit par Akilisi Pohiva (ci-contre).

    Avant le vote, certains commentateurs doutaient encore que celui-ci  remporte un nombre de sièges suffisant pour constituer une majorité de gouvernement. Les derniers sondages laissaient en effet envisager la possibilité d'un maintien au pouvoir de la noblesse, avec l'appui de cinq des représentants élus par le peuple. Mais les résultats sont sans appel: le parti démocratique remporte 13 des 17 sièges et peut compter sur le soutien d'au moins 2 des 4 parlementaires indépendants. Akilisi Pohiva, leader historique du mouvement démocratique fondé dans les années 1970, a donc toutes les chances de devenir le nouveau premier ministre de Tonga. Une perspective qui n'a plus l'air d'effrayer les 33 grandes familles de la noblesse tongienne.

    cab london.jpgSelon le roi Tupou V, qui a renoncé à la plupart de ses prérogatives politiques, "tout cela ne serait jamais arrivé s'il n'avait pas reçu "une éducation européenne libérale": ancien élève de l'école militaire royale de Sandhurst (où sont formés les officiers britanniques), le roi est aussi titulaire d'un diplôme d'Oxford. Les leaders du mouvement démocratique et les Tongiens militant pour la démocratie n'avaient pourtant pas eu besoin de passer par les universités britanniques pour se convaincre des bienfaits de la démocratie. L'élévation du niveau d'éducation, la circulation des idées et l'expérience des Tongiens de la diaspora - installés aux Etats-Unis, en Australie ou en Nouvelle-Zélande (qui n'ont pas le droit de vote à Tonga) -,  uncle sam-vote.jpgnotamment, ont fortement contribué à renforcer la revendication démocratique. Et l'opposition trop simpliste entre d'un côté la tradition, la culture tongiennes,  et de l'autre la démocratie vue comme une idéologie d'importation, ne rend pas compte de l'évolution contemporaine de la société tongienne.

    Cette déclaration du roi Tupou V souligne d'abord l'anglophilie de la famille royale tongienne, qui a toujours regardé la monarchie britannique comme un modèle: une anglophilie que Tupou V cultive au point de circuler à Tonga en taxi londonien ! Elle rejoint également la forte valorisation de l'éducation et des diplômes dans la société tongienne, compris comme un moyen de progression, d'élévation personnelle. 

    George Tupou V RFO.jpgBeaucoup de Tongiens restent attachés à l'institution monarchique, symbole de continuité culturelle et d'indépendance politique. La monarchie tongienne est issue de l'unification d'un ensemble de chefferies, réalisée au cours du 19ème siècle par le roi George Tupou I avec l'appui des missionnaires méthodistes britanniques . Héritiers de cette histoire missionnaires des leaders de l'église méthodiste (officiellement associée au système monarchique), la Free Wesleyan Church of Tonga, avaient pourtant participé à la fin des années 1970 à la fondation du Human Rights & Democracy Movement In Tonga, en particulier le Dr. Sione ‘Amanaki Havea, ancien président de lfree wesleyan church.jpga Free Wesleyan Church, ancien directeur du Pacific Theological College et théologien très influent dans le Pacifique. Akilisi Pohiva est lui-même un "lay preacher", prédicateur laïc de cette église qui rassemble aujourd'hui environ un tiers de la population tongienne. Au cours des années 2000 et jusqu'au couronnement du nouveau roi, les dirigeants de la Free Wesleyan Church avaient adopté une position plus conservatrice de défense de la monarchie au nom de l'identité tongienne.

    Les réformes démocratiques initiées par le roi lui-même, qui maintiennent à la fois la monarchie et la représentation des nobles au sein du Parlement, apparaissent finalement comme une réponse acceptable à ceux qui, comme le Rev. Tevita Mohenoa Puloka (représentant de la Free Wesleyan Church of Tonga au sein de la conférence de l'église méthodiste néo-zélandaise), estimaient qu' "une démocratie à l'américaine ne fonctionnerait pas à Tonga. Il y aura une démocratie à Tonga, mais ce sera une démocratie à la manière tongienne" (Touchstone, mai 2007).

    Le nouveau gouvernement va maintenant devoir concentrer ses efforts sur le redressement économique du pays. Dans cette tâche difficile, il retrouvera vite sur son chemin la famille royale, dont le poids royal tongan airline.jpgéconomique est considérable. Sous le règne de Tupou IV, les compagnies aux mains du roi possèdaient le monopole de la production d’électricité et des positions dominantes dans les télécommunications, le transport aérien ou la brasserie « royale ». Et Tupou V est lui-même un homme d'affaires multi-millionnaire.

    A lire (en anglais) : l'entretien accordé par Akilisi Pohiva au New Zealand Herald (29 nov. 2010).

     

    Illustrations: Le palace royal, à Tongatapu ; taxi londonien devant Buckingham Palace (flickr) ; médaille du  King George V Royal Family Order (royalark.net) ; Free Wesleyan Church à 'Ohonua, 'Eua (Ian Stehbens) ; Royal Tongan Airlines.

     

  • Nouvelles du Pacifique (1) : l'Océanie à la conférence de Copenhague

    Vous avez peut-être entendu parler de la manifestation organisée à Copenhague par des représentants de Tuvalu, un des États océaniens les plus directement menacés par la montée du niveau des océans, comme le rappelle la vidéo ci-dessous.

    Tuvalu - Islands on the frontline of Climate Change from panos pictures on Vimeo.

     

    L'AOSIS, "Alliance of Small Island States" (alliance des petits États insulaires) a eu la bonne idée de mettre en ligne sur son blog Climate Pacific@COP15 les textes des interventions à Copenhague de plusieurs chefs d'État océaniens: les premiers ministres de Tuvalu, des Samoa et des îles Cook ; les président de Palau (en Micronésie), de Nauru, des îles Marshall, des États fédérés de Micronésie, et le ministre de l'environnement des îles Salomon.

    stop warming.jpgLes réseaux d'églises se sont également mobilisés, au travers du Conseil oecuménique des églises et de la Pacific Conference of Churches. Cet organisme qui rassemble les églises protestantes historiques et anglicanes de la région a mis en ligne une pétition demandant aux pays les plus riches d'assumer leur responsabilité vis-à-vis des îles du Pacifique victimes du réchauffement climatiques, en diminuant leurs émissions de dioxyde carbone d'au moins 45% d'ici 2020  et en "s'assurant que les pays les plus vulnérables du Pacifique auront tous le soutien et les ressources nécessaires pour réduire leurs émissions (qui à ce jour, représentent moins de 1% du total mondial!), réaliser un développement propre et s'adapter aux changements climatiques". Enfin, cinq églises ou mouvements chrétiens de Nouvelle-Zélande (les églises baptiste, méthodiste, anglicane, catholique et presbytérienne ainsi que l'Armée du Salut) ont publié une déclaration commune rappelant leur engagement de longue date au côté "des plus pauvres et vulnérables membres de (leur) communautés globales" touchées par le changement climatique, autrement dit auprès des Pacific Peoples, migrants polynésiens qui constituent une grande partie des forces militantes des églises néo-zélandaises.