Gwendoline Malogne-Fer et moi organisons, le 20 novembre prochain à Paris, une journée d'étude sur le thème "genre et pentecôtisme". Pour télécharger le programme de cette journée, cliquer ici.
Les femmes sont nombreuses dans les églises pentecôtistes, pourtant la participation de ces femmes – les modalités pratiques de leurs conversions, de leurs engagements religieux, les motivations de ces femmes – n’a pas suscité beaucoup d'études en sciences sociales des religions, particulièrement dans la littérature francophone. Si la plus forte pratique religieuse des femmes n’est pas propre aux pentecôtismes et se retrouve dans bien d'autres confessions, l’engagement des femmes dans des organisations religieuses décrites comme conservatrices – parce qu'elles refusent le plus souvent l’accès des femmes au pastorat et prônent une répartition traditionnelle des tâches sexuées – mérite de plus amples recherches et réflexions théoriques.
Des études ont montré que les églises pentecôtistes développent en fait des normes de genre complexes, basées sur des modèles spécifiques de féminité et de masculinité. L'insistance sur les normes de genre "chrétiennes" peut en effet ouvrir des espaces d'initiative et d'autonomie "entre femmes". On observe ainsi depuis plusieurs années un essor rapide des réseaux internationaux de femmes pentecôtistes, qui se structurent autour de prédicatrices, de séminaires et autres conférences des femmes. Comme l'a noté B. Martin (1), l'insistance sur les "valeurs familiales" a également pour conséquence une "domestication des hommes" en incitant ces derniers à se recentrer sur leurs rôles de mari et père de famille. Pour autant l’organisation du pouvoir et la répartition sexuée des responsabilités dans les églises pentecôtistes sont généralement peu favorables aux femmes. Les femmes se voient plutôt attribuer des dons spirituels (temporaires ou précaires) tandis que les hommes accèdent à des ministères (institutionnalisés), pour reprendre les termes de S. Cucchiari (2).
Les intervenants de cette journée évoqueront des terrains géographiques et religieux variés, de l'église australienne Hillsong aux pentecôtismes africains, brésiliens ou suédois. Cette diversité permettra d'ouvrir des perspectives de comparaison intéressantes, en replacant l'analyse des rapports de genre en pentecôtisme dans les contextes sociaux et culturels qui influencent, au moins en partie, l'évolution de ces églises.
(1) Martin, B. (2003) “The Pentecostal Gender Paradox: A Cautionary Tale for the Sociology of Religion” in R. Fenn The Blackwell Companion to Sociology of Religion, pp. 52-66. Oxford :Blackwell.
(2) Cucchiari, S. (1990) « Between Shame and Sanctification : Patriarchy and Its Transformation in Sicilian Pentecostalism », American Ethnologist vol 17 n°4 : 687-707.
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Catégories : Actualités scientifiques
Tags : genre, pentecôtisme, hillsong, marion maddox, christianisme, anthropologie, sociologie, cameroun, eurd, brésil, congo, canada, protestantisme
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