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Yannick Fer - Page 35

  • Mort du roi Tupou IV. Diaspora, églises et démocratie à Tonga

    medium_King-Tonga.jpgLe roi de Tonga Taufa'ahau Tupou IV est mort dans la nuit de dimanche 10 septembre 2006 à Wellington (Nouvelle-Zélande) où il était hospitalisé, à l’âge de 88 ans et après 41 ans de règne. Son fils, le prince Tupouto’a (58 ans) qui lui succède se trouve déjà sous la pression du mouvement pro-démocratique qui réclame notamment, depuis plusieurs années, que les 30 députés du parlement tongien soient tous élus par le peuple – et non majoritairement choisis par la famille royale parmi les nobles – et que la famille royale renonce au contrôle qu’elle exerce sur l’économie tongienne. Le leader du mouvement démocratique, Akilisi Pohiva – indique le site néo-zélandais stuff.co.nz - a ainsi déclaré que le nouveau roi doit renoncer à ses participations dans les affaires, ajoutant : « il doit le faire, il n’a pas le choix ». Les compagnies aux mains du roi possèdent le monopole de la production d’électricité et des positions dominantes dans les télécommunications, le transport aérien ou la brasserie « royale ».

    Signe d’un possible changement d’époque, le bureau du premier ministre a annoncé une période « tapu » – de deuil national – d’un mois seulement, alors que le décès de la reine Salote en 1965 avait donné lieu à un deuil de six mois. La revendication démocratique s’est en effet amplifiée depuis l’an dernier, où le pays avait connu une longue grève des fonctionnaires, relayée par des manifestations à Tonga et dans les pays de forte migration tongienne, comme la Nouvelle-Zélande (où s’est constitué un « comité pour la démocratie à Tonga »), obligeant le gouvernement royal à promettre en novembre 2005 une série de mesures de démocratisation.

    Une des composantes essentielles du mouvement démocratique et, plus largement, de l’identité tongienne contemporaine tient à ces relations étroites entre la diaspora tongienne et les îles de Tonga. A peu près autant de Tongiens vivent aujourd’hui hors de Tonga qu’à Tonga (environ 100 000), ils étaient 40700 en Nouvelle-Zélande lors du recensement de 2001 – soit 18% des Pacific People (230000) – et sont près de 20000 aux États-Unis. C’est d’ailleurs lors d’une visite aux Tongiens de Californie que l’un des membres de la famille royale les plus engagés en faveur des réformes démocratiques, le neveu du roi Prince Tu’ipelehake et son épouse la princesse Kaimana ont trouvé la mort à Palo Alto en juillet dernier dans un accident de la route. Plusieurs sites Internet témoignent de l’existence de cette communauté tongienne transnationale, comme le site de la Tongan History Association où les Tongiens de la diaspora échangent des informations généalogiques et discutent de l’identité tongienne ou le site Planet-tonga, un site d’information. Le titre d’un article publié en 2004 par Helen Morton Lee (dans le livre collectif dirigé par Victoria S. Lockwood, Globalization and Cultural Change in the Pacific Islands, Pearson, New Jersey) résume bien ce phénomène : « All Tongans Are Connected : Tongan Transnationalism ».
    Outre l’influence des Tongiens vivant dans des pays démocratiques, plusieurs responsables d’église éminents ont également contribué à l’essor de la revendication démocratique. Le Human Rights & Democracy Movement In Tonga, créé à la fin des années 1970 et qui a connu un moment fort avec l’organisation en 1992 de la Convention on the Tongan Constitution and Democracy à la basilique St. Antoine de Padoue de Nuku’alofa (capitale tongienne), comptait plusieurs hommes d’église parmi ses fondateurs. En particulier le Dr. Sione ‘Amanaki Havea, ancien président de la Free Wesleyan Church, ancien directeur du Pacific Theological College et théologien très influent dans le Pacifique où il a œuvré en faveur d’une théologie océanienne connue sous le nom de « théologie du coco ».
    L’histoire du protestantisme de Tonga est marquée par des tensions entre églises et famille royale : afin de marquer son indépendance vis-à-vis des missions wesleyennes (d’origine britannique) arrivées en 1822, le roi George Tupou I (lui-même converti en 1834) a fondé en 1885 la Free Church of Tonga, fondation qui a donné lieu au cours des années 1880 à des persécutions envers les membres de l’église wesleyenne. Le père de Sione ‘Amanaki Havea étaient parmi ceux qui subirent cette hostilité royale. En 1924, la reine Salote obtint la réunification des deux églises rivales, sous le nom de Free Wesleyan Church of Tonga, mais des anti-unionistes ont malgré tout maintenu la Free Church of Tonga (qui a elle-même connu depuis plusieurs scissions…).

    Aujourd’hui, le paysage religieux tongien est très diversifié et résolument pluraliste, à Tonga et a fortiori parmi les communautés tongiennes installées dans des pays de grande diversité religieuse comme les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Implantée en 1891, l’église mormone représente plus de 15 % de la population, ce qui est le taux le plus élevé au monde (par pays, sans prendre en compte le cas des États qui, aux Etats-Unis, sont liés historiquement au mormonisme, comme l’Utah). Dans le même temps, la Free Wesleyan Church est passée de 49,9 % de la population en 1966 à seulement 36,4 % en 1992 et on observe, ici comme dans l’ensemble des îles de la Polynésie, une progression rapide des mouvements évangéliques.
    Par exemple, le journaliste Kalafi Moala, une des personnalités influentes de Tonga, un des fondateurs du mouvement pro-démocratique et directeur-fondateur du premier journal tongien pro-démocratique – Taimi O Tonga (Times of Tonga) – est issu de cette tendance évangélique. Créé en 1989, année où K. Moala est revenu vivre à Tonga après de nombreuses années passées à l’étranger, ce journal lui a valu d’être condamné en 1996 à un mois de prison pour offense au Parlement. Le journal a été interdit à Tonga mais a continué à paraître, il s’est installé dans la banlieue d’Auckland.
    Avant d’être journaliste, Kalafi Moala a été pendant vingt ans missionnaire au sein de Youth With a Mission, une organisation évangélique charismatique qu’il a rencontrée en 1966, alors qu’il était étudiant à Auckland. A la fin de 1968, après une formation de missionnaire dans un institut méthodiste australien, il a rejoint YWAM comme équipier à temps plein et est devenu rapidement un responsable de premier plan, dans une organisation qui commençait juste à se développer en Asie et dans le Pacifique (YWAM  a été créée en 1960). Il a participé aux premières campagnes en Papouasie Nouvelle-Guinée, dans plusieurs pays d’Asie, a été directeur de YWAM pour le Japon, directeur régional pour l’Asie et le Pacifique et membre du bureau international de YWAM. L’histoire de son journal est racontée dans le livre qu’il a publié en 2002, Island Kingdom Strikes Back, Pacmedia Publ., Auckland.

     

  • Hakka Protestants in Tahiti

    medium_nz_japon.jpgA few months ago, I made my article on Hakka Protestants in French Polynesia, published in 2004 in Perspectives Chinoises, accessible on the web in its French version. This article was also published in English (China Perspectives n°57, 2005).
    Those who already know the history of Chinese migrations know that Hakka outside China form a very strong Diaspora. In French Polynesia, migrations began in 1865 and were organized by the French Colonial Administration to fit the needs of workers expressed by a big plantation established in Tahiti.

    Here is the abstract of this article:
    While Pentecostalism exists today in French Polynesia, as in all the South Pacific States, it has followed an unusual path there, taking roots initially (during the 1960s) within the Hakka Chinese immigrant community. Long perceived by the historic Protestant Church as “Chinese-style Protestantism”, it initially gave birth to several Hakka Churches, each of which combined cultural identity, integration into Polynesian society and adherence to Christianity in different ways. However, after a series of secessions, a significant number of Hakka converts and their children are to be found in a transcultural Church, the Assemblies of God of French Polynesia. The intersecting histories of Pentecostalism and of the Hakka community in French Polynesia thus bear witness, in an exemplary fashion, to the gradual construction of a plural society (both multicultural and multi-confessional), which is in tension with the adherence of (almost) all the population to Christianity, as well as with individual cultural identities.

    To read this article, click on "Hakka History" in the left column (À lire PDF).
    [Nb.This PDF file has been recorded backward, so the last page of the document is in fact the first page of the article].

  • Presentation

    With this first text of presentation, I am beginning to build the English side of this blog. It may be not perfect, as you can guess English is not my mother tongue, but I hope it can be useful to those interested in these matters.


    medium_CICC_Matavera.JPGThe islands of Polynesia are located in a triangle whose three corners are New Zealand (South), Rapa Nui also called Easter Island (East) and Hawaii (North). French Polynesia is roughly at the centre of this triangle and is made of five archipelagos: The Windward Islands (Tahiti and Moorea), the Leeward Islands (the most famous being Bora Bora), the Austral Islands, the Tuamotu-Gambier and the Marquesas.
    Those who know contemporary Polynesia and more widely Oceania, know how essential is the place of Christianity in these societies. This is obviously not what the tourism industry chooses to sell destinations like Tahiti, even if one can see every Sunday morning some tourists – on the advice of their guides – attending the services of the Protestant Churches in French Polynesia, Cook Islands or elsewhere to hear the traditional hymns. Until recently, the Oceanists haven’t seen Christianity either as a valuable object of study, considering it as a fatal danger for local cultures or preferring to ignore it in order to focus on what seemed to have “resisted” or what was going to be shortly erased from memories.
    The subject of this blog is Polynesia of today, that has been Christian for more than 100 years, and more specifically the last wave of Christianity in Polynesia: Evangelical and Pentecostal Protestants, who are experiencing since the 80’s a rapid growth, mainly at the expense of the Historical Protestant Churches.
    Speaking about Polynesia of today means to take into account the 232000 Pacific people living in New Zealand, Samoans, Tongans, Cook Islanders (more numerous in New Zealand than in their country of origin), Tuvaluans, Niueans… Auckland is the Capital of this Polynesian Diaspora, concentrated in the South suburbs of Otara and Mangere. Polynesia is nowadays also urban: 53% of the inhabitants of French Polynesia are living in town, 48% in the American Samoa, 32% in Tonga.
    The choice of Polynesia as a field of research is not a way to escape from the strong currents of the contemporary word to take refuge in the quiet lagoons of exotic paradises. It is a way to understand evolutions of Christianity whose scale and consequences are still largely unknown: the worldwide expansion of Evangelicals and Pentecostals, the rise of new missions from Africa, Asia and Oceania that aim to re-evangelize the Western countries… among other things.
     
    (Photo : the Protestant Temple of Matavera, Cook Islands Christian Church, Rarotonga. Copyrights G. Malogne-Fer)